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L'étrange histoire des deux hackers manipulés par Ali Bongo
Le président du Gabon a utilisé deux jeunes ivoiriens pour empêcher toute transparence autour du scrutin.
L'élection présidentielle gabonaise du 27 août, très contestée en raison de la fraude massive du clan Bongo dans la province du Haut-Ogooué, n'en finit plus d'agiter Libreville. Alors que la Cour constitutionnelle achève son recomptage des voix exigé par l'opposition, le site Rue89 a révélé que deux hackers ivoiriens séquestrés par le pouvoir ont entravé la collecte des procès-verbaux menée par l'équipe de Jean Ping.
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N'Cho Yao et Gueu Zian ont dans un premier temps voulu offrir leur service à l'équipe d'Ali Bongo pour participer à la collecte des procès-verbaux au bénéfice du président sortant – pour qu'il bénéficie simplement de ses propres données sur le vote.
«C’est avec l’assurance d’avoir été sollicitée par des officiels qu’elle (l'équipe composée de N'Cho et Gueu Zian) débarque à l’aéroport de Libreville le 24 août dernier. Mais Yao N’Cho et Gueu Zian se font arrêter sans aucune autre forme de procès», rapporte Rue 89.
La suite est encore plus sombre.
Retenus à l'aéroport
«Depuis son lieu de rétention et visiblement sous la contrainte, Yao N’Cho pilote une équipe de hackers gabonais pro-Bongo. La mission n’est pas de collecter les résultats et de surveiller ainsi d’éventuelles fraudes adverses. Il s’agit d’empêcher Regab, entre-temps qualifiée d’application pirate, de recueillir les données venues du terrain. En quelques heures de travail, les serveurs de Regab "tombent ". L’application est "down", ce qui retarde considérablement le travail de vigilance citoyenne», poursuite le site d'information.
Depuis, les deux hommes sont retenus dans la zone de refoulement de l'aéroport de Libreville. Le pouvoir les garde sous son contrôle jusqu'à l'annonce de la Cour constitutionnelle au sujet du recomptage des voix de l'élection présidentielle.