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Des élèves noires de Pretoria manifestent pour défendre leurs cheveux crépus
Des professeurs d'un lycée ont demandé à des étudiantes de lisser leurs coupes afros. C'est loin d'être la seule manifestation du racisme dans cet établissement.
Plus de vingt ans après la fin officielle de l'apartheid, le racisme est toujours bien ancré dans la société sud-africaine. Jusqu'à la racine des cheveux crépus des femmes noires. Car c'est entre autres à cause des discriminations liées à leur coupe que les élèves de la prestigieuse Pretoria High School for Girls manifestent depuis vendredi 26 août. «J’ai une coupe afro naturelle, mais un professeur m’a dit que je devais les coiffer parce que ça ressemblait à un nid d’oiseau», a raconté une élève au directeur éducatif de la province, reprise par Quartz. Une élève a même révélé que sa mère l'avait forcé à se couper les cheveux pour éviter d'avoir des problèmes à l'école.
Say what now? This #StopRacismAtPretoriaGirlsHigh is all about school telling young girls to straighten hair coz their fros be "untidy"?
— Victoria Uwonkunda (@Msuwonkunda) 28 août 2016
«Quoi, tout ça, c'est à cause d'une école qui demande aux jeunes filles de lisser leurs cheveux parce que leurs afros ne sont pas soignées ?»
Officiellement, le code de conduite de l'école exige simplement que les tresses, les dreadlocks et les nattes ne dépassent pas 10mm de diamètre. Mais, selon les élèves, les coupes afro sont visées lorsque la règle précise que «toutes les coupes doivent être coiffées, traditionnelles, propres et en accord avec l'uniforme scolaire.» C'est loin d'être la seule manifestation du racisme dans l'école de Pretoria: les étudiantes ont également subi des pressions pour éviter de parler dans leurs langues sud-africaines, vues comme des «bruits bizarres».
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Pire, dans un établissement autrefois réservé aux Blancs, certains ont exigé qu'elles retournent dans les écoles des townships noirs de la ville car elles étaient trop noires pour réussir. Trop, c'est trop, pour les étudiantes, et même des élèves de 14 ans qui ont manifesté toutes en noir, à l'image des Black Panthers. «Nous voulions montrer que nous en avions assez de la bigoterie et du racisme auxquels nous faisons face à l'école», explique une étudiante à Al Jazeera.
They were told by their school that their hair is "untidy." They are now protesting.#StopRacismAtPretoriaGirlsHigh pic.twitter.com/WEaRZqbQQF
— Philip Lewis (@Phil_Lewis_) 29 août 2016
Les familles pauvres obligées de fréquenter l'école privée
Très vite, une pétition en ligne qui a été lancée pour soutenir les étudiantes noires a rassemblé presque 20.000 signatures lundi 28 août. Panyaza Lesufi, le ministre de l'éducation de la province de Gauteng s'est rendu sur place pour discuter avec les étudiantes et le personnel éducatif. «Je voudrais vraiment arrêter la situation avant qu'elle dégénère», a-t-il déclaré, repris par le Guardian. Yvonne Raphael, militante des droits des femmes et des jeunes filles, a réclamé que toutes les écoles changent leur politique. En Afrique du Sud, les familles pauvres sont forcées d'inscrire leurs enfants dans des écoles privées, à cause de la mauvaise qualité d'enseignement des écoles publiques. «C'est une honte, a-t-elle expliqué à Al Jazeera. Vingt ans après l'arrivée de la démocratie, nos enfants continuent à souffrir du racisme, mais cette fois c'est nous qui payons pour qu'elles en soient victimes.»
South Africa FAIL. Pretoria school forces African girls to chemichally straighten their hair for decades & ppl r complaining only now? grrr
— Dr. Paula Kahumbu (@paulakahumbu) 30 août 2016
«Ratage en Afrique du Sud. L'école de Pretoria force les jeunes Africaines à se lisser les cheveux chimiquement depuis des années, et les gens commencent seulement à se plaindre maintenant?»
«Nos écoles dévaluent notre couleur de peau et préfèrent nous contenir plutôt que nous entretenir, écrit Malaika Eyoh, étudiante en dernière année, dans une tribune du Daily Vox. Les incidents racistes entre les étudiants et les membres éducatifs sont courants, tout comme le fait de les balayer sous le tapis.»