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Une femme remue la semoule de manioc pour préparer l'attiéké à Abidjan. ISSOUF SANOGO / AFP
Une femme remue la semoule de manioc pour préparer l'attiéké à Abidjan. ISSOUF SANOGO / AFP

L'attiéké va-t-il devenir une appellation protégée en Côte d'Ivoire?

Le gouvernement a revendiqué le contrôle de la fabrication de ce plat à base de manioc, popularisé par les vendeurs de rue de Yopougon à Abidjan.

L’attiéké est le plat ivoirien par excellence. À toutes les heures, sur toutes les tables, on retrouve cette sorte de couscous de manioc, qui sert notamment à préparer le garba au thon frit servi dans les garbadromes, les stands de rue indissociables de la culture du zouglou à Abidjan. L'annonce, en mai dernier, d'une pénurie naissante de manioc avait d'ailleurs mis tout le pays en émoi.

Mais la popularité de l'attiéké s'est étendue aux autres pays de la sous-région d'Afrique de l'Ouest, et parmi la diaspora: on le retrouve, séché ou congelé, dans les épiceries d'Europe, des États-Unis et même d'Asie du Sud-Est. Selon certains industriels, la Chine serait même devenue le premier pays producteur de semoule de manioc. Une situation qui pose  problème pour le gouvernement ivoirien, comme l'explique son porte-parole Bruno Koné, à l'AFP: «A cause de sa renommée, ce plat est produit de plus en plus hors du pays et vendu sous le même nom par des pays qui ne suivent que partiellement le processus de production Avec au passage, un prix de vente parfois dix fois supérieur à l'attiéké produit en Côte d'Ivoire.

Une assiette d'attiéké, accompagnée d'un plat d'agneau sauce graine. ISSOUF SANOGO / AFP

Le gouvernement a donc décidé de revendiquer mercredi 3 août l'appellation protégée internationale auprès de l'organisation africaine de la propriété intellectuelle. Au même titre que le champagne en France ou le jambon de Parme en Italie, l'attiéké pourrait donc faire l'objet d'une production contrôlée, dans le respect de la tradition ivoirienne, comme l'explique la BBC. Le processus comprend l'extraction des tubercules de manioc, qui sont pelés puis râpés. Après une fermentation de plusieurs jours, l'attiéké est pressé pour en retirer le trop-plein d'amidon, séché et bouilli.

Seules trois appellations contrôlées en Afrique

Traditionnellement préparé par les femmes des villages des régions lagunaires, l'attiéké est devenu au fil du temps un symbole d'union dans un pays de 62 groupes ethniques différents qui a vu son histoire récente diviser encore plus tragiquement la population il y a cinq ans. D'autant plus que la nouvelle mesure survient au milieu des festivités de l'Indépendance ivoirienne, le 7 août. Le député Kouadio Konan Bertin (surnommé KKB), qui en avait fait son cheval de bataille lors des élections en 2015, s'est d'ailleurs félicité dans un communiqué que le gouvernement du président Alassane Ouattara «ait adopté son idée de faire de l’attiéké un label ivoirien.»

Malgré la délicatesse d'effectuer des contrôles des produits vendus en Côte d'Ivoire, d'autres spécialités pourraient suivre, comme l'aloco, une friture de bananes plantains, ou le foutou, sorte de pudding au manioc. Dans tous les cas, l'attiéké est en bonne voie pour devenir le quatrième mets à bénéficier d'une appellation contrôlée en Afrique, rappelle Quartz, après le miel Oku et le poivre de Penja au Cameroun, et le café Ziama Macenta de Guinée.

Paul Verdeau

Journaliste à Slate Afrique. 

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