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Faire du Soudan du Sud un pays déminé
Alors que les tensions entre le Soudan et le Soudan du Sud inquiètent de nouveau les Nations unies, les initiatives qui ont été prises dès 2004 pour débarrasser le territoire du Soudan du Sud de ses mines semblent aujourd'hui porter leurs fruits.
La région, qui est récemment devenue le 193e Etat reconnu par l'ONU, était une zone de guerre couverte de mines anti-personnel. La présence de mines compliquait les déplacements, dissuadait les investisseurs, et rendait la situation invivable pour les populations locales. Selon le Centre de Coordination de la lutte anti-mines des Nations unies (UNMACC), qui gère le programme de déminage du Soudan du Sud,1.243 personnes avaient été blessées et 3.158 tuées par des mines terrestres à la mi-2011 comme le rapporte Afrique Renouveau, une publication onusienne consacrée au continent africain.
Ainsi, pour améliorer le quotidien des Soudanais du Sud, en février 2004, Mechem, une entreprise nationale sud-africaine de fabrication d’armes, avait été la première société privée à lancer une opération de détection des mines près de la frontière avec le Kenya, en prévision de l’accord de paix signé en 2005 avec le gouvernement de Karthoum. Puis, de nouvelles initiatives avaient été mises en place par le Programme alimentaire mondial (PAM) et des ONG nationales et internationales pour déminer rapidement la région. Une équipe de déminage composée entièrement de femmes, est notamment intervenue avec le soutien de la Norwegian Peoples Aid. Aujourd'hui, comme l'explique à Afrique Renouveau Sarah Holland, responsable du projet au sein du Centre de Coordination de la lutte anti-mine des Nations Unies (UNMACC):
«L’UNMACC travaille en coordination avec plusieurs agences des Nations unies afin de réduire la menace et l’impact des mines terrestres et des restes explosifs de guerre à travers le Soudan du sud»
Près de 140 soldats du Soudan du Sud avaient également participé au projet en supprimant toutes les mines des 446 kilomètres de voies ferrées entre Wau et Babanusa en 2007 après avoir été formés au déminage par l’armée britannique, au Centre international de formation pour l’action anti-mine à Nairobi, au Kenya.
Grâce à ces différents groupes, 4.273 mines anti-char et 25.487 mines anti-personnel ont été détruites en septembre 2011. En tout, plus de 20.047 km de routes ont été rendues accessibles et 1.067 km2 de terres ont été remises à la disposition des communautés locales depuis le début de l'action anti-mine en 2005.
Le gouvernement sud soudanais soutient fortement ces initiatives, qui, une fois toutes les routes complètement purifiées, bénéficiera notamment de l'arrivée de nouveaux investisseurs dans la région. Une étude du Programme alimentaire mondial (PAM) démontre que déjà, «grâce à ce programme de déminage, le nombre de nouvelles entreprises créées a augmenté de 65%» rapporte Afrique Renouveau.
Toujours d'après Afrique Renouveau, le PAM aurait quant à lui réduit ses coûts de transport de 75% en acheminant ses livraisons de nourriture non plus par avion mais par voies terrestres. «Il ne faut que trois heures aujourd’hui —au lieu de plusieurs jours— pour aller en voiture de Juba à Nimule, à la frontière avec l’Ouganda» indique le site internet.
Lu sur Afrique Renouveau
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