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Les joueurs kenyans célèbrent leur victoire au tournoi de Singapour, le 17 avril 2016. Crédit photo: ROSLAN RAHMAN/AFP
Les joueurs kenyans célèbrent leur victoire au tournoi de Singapour, le 17 avril 2016. Crédit photo: ROSLAN RAHMAN/AFP

Vainqueur en rugby à VII, le Kenya ouvre une nouvelle voie pour ce sport en Afrique

L'équipe de rugby à VII du Kenya a remporté une manche du circuit mondial dimanche 17 avril à Singapour. Une première historique.

Le Kenya est habitué à voir ses athlètes triompher. Sur le tartan des pistes d'athlétisme ou sur le goudron des plus grands marathons. Mais pas sur l'herbe verte. Pourtant, l'équipe de rugby à VII du Kenya a frappé dimanche 17 avril un coup immense dans le ciel de ce sport en plein développement et qui sera pour la première fois présent aux JO cet été 2016 au Brésil. Les «Boys», comme les appellent les médias nationaux, ont réalisé une grande première en remportant la manche de Singapour comptant pour le circuit mondial du rugby à VII. Un exploit sans précédent pour un pays d'Afrique subsaharienne – exception faite de l'Afrique du Sud. 

Pour décrocher ce premier titre, l'équipe du Kenya a brillé en phase de poule avant d'éliminer successivement la France puis l'Argentine, avant d'assommer les Fidji, l'une des meilleures équipes au monde, en finale (30-7). 

Objectif: une médaille aux JO

«C'est ce pourquoi nous aimons tant le rugby à VII», a déclaré au coup de sifflet final du tournoi de Singapour l'un des commentateurs de la World Rugby Cup. Le rugby à VII est une variante du rugby à XV, et connaît un véritable essor actuellement. Les nations dominantes sont les pays de l'hémisphère sud qui dominent historiquement le rugby à XV (Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud), et les îles du Pacifique. 

Mais quelques nations absentes de la carte du rugby à XV sont performantes dans cette discipline plus spectaculaire et athlétique que tactique, comme les Etats-Unis, actuellement 4e au classement mondial, et le Kenya donc, qui est remonté à la 7e place après sa victoire à Singapour. Après quelques années plutôt mauvaises, les rugbymen kényans reviennent au premier plan au meilleur moment à quelques mois des JO de Rio, l'objectif ultime.

«Remporter cette finale compte bien plus pour moi que tous les essais que j'ai pu inscrire, a commenté Injera, l'une des stars de l'équipe, à l'issue de la finale. Je ne suis pas concentré sur mes essais, car le véritable objectif est de gagner une médaille aux Jeux olympiques», a t-il ajouté. 

«Un grand avenir dans ce sport»

La fédération kenyane de rugby a fêté l'évènement sur Twitter. «Une victoire sensationnelle pour le Kenya»

Les médias locaux en ont fait de même. Mais le sentiment prédominant est surtout qu'une nouvelle ère s'ouvre pour un pays tout entier. «C'est vraiment incroyable que cette équipe composée de seulement quatre joueurs d'expérience et de nombreux jeunes réalise en ce début de saison. Cela montre que nous avons du potentiel et un grand avenir dans ce sport», a confié Amonde, le capitaine de l'équipe, au Daily Nation

La force du Kenya est d'avoir compris qu'il n'avait pas les moyens de lutter avec les grandes nations en rugby à XV, et de parier sur ses qualités pour réussir à se faire une place au soleil dans le rugby à VII. «Si vous regardez au niveau international au rugby à XV, il est difficile pour nous d'être performant. Nous n'avons pas d'avants suffisamment grands pour être compétitif au niveau mondial. Donc on s'est servi du 7 pour mettre le Kenya sur la mappemonde et attirer les joueurs du 15 vers le 7», expliquait au micro de Canal+ le sélectionneur du Kenya, Benjamin Ayimba, quelques semaines avant la victoire de Singagour. 

Out of Africa - Rugby à 7: tournoi de qualification olympique de la zone Afri...

Un niveau plus homogène

«Contrairement au XV, le niveau du VII est beaucoup plus homogène», écrivait Slate.fr en 2012, qui citait également Bernard Lapasset, le président de l'IRB, la fédération internationale: «Dans un tournoi à VII, tous les pays sont capables de gagner aujourd'hui [...] C'est un sport festif, avec un public jeune». «Un point important pour un jeu qui se veut hyper spectaculaire, simple à comprendre (peu de mêlées, de mauls etc.) rapide (deux mi-temps de 7 minutes) et davantage basé sur la course et l’évitement que sur le contact et le combat», poursuivait Slate. C'est ce qui se rend si populaire au Kenya et dans d'autres pays africains. 

Dans son documentaire consacré au développement du rugby à VII en Afrique, Canal+ dresse un sport est en plein boom un peu partout sur le continent, comme au Sénégal, au Maroc ou au Nigeria. Le Kenya est un pionnier en la matière, mais il y a fort à parier que d'autres pays africains vont s'engouffrer dans la voie qui est désormais ouverte. 

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique. 

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