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Le peuple égyptien ne supporte pas de voir Al-Sissi s'agenouiller devant l'Arabie Saoudite
Le chef d'Etat égyptien a notamment abandonné la souveraineté de l'Egypte sur des îles au large du Sinaï.
C'est peut-être le début d'un large soulèvement populaire contre Al-Sissi, le président égyptien qui gouverne le pays d'une main de fer depuis 2013.
On a déjà évoqué plusieurs fois sur Slate Afrique les nombreuses atteintes aux droits de l'homme du régime égyptien depuis trois ans. Mais rien ne vaut un petit rappel par la voix de l'ONG Amnesty international:
«La situation des droits humains s'est dégradée de manière continue et dramatique après la destitution du président Mohamed Morsi, en juillet 2013. Le gouvernement a imposé des restrictions sévères à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Des milliers de personnes ont été arrêtées et placées en détention lors d'une vague de répression qui s'est abattue sur l'opposition; certaines ont été soumises à une disparition forcée», affirmait Amnesty International dans son dernier rapport sur les droits humains dans le pays.
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Mais en ce mois d'avril, la cocotte-minute ne déborde pas à cause d'une énième arrestation d'un opposant. Non, le peuple égyptien se révolte contre la décision de l'Egypte de concéder plusieurs îles baignant au large du Sinaï à l'Arabie Saoudite.
Comme le rapporte le site Egyptian Streets, «plus de 3.000 manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville du Caire vendredi 15 avril pour protester contre l'accord entre l'Egypte et l'Arabie Saoudite sur ces îles». Cette vidéo postée par un manifestant sur Facebook donne une idée de l'ampleur du mouvement.
Investissement contre territoires
L'accord avait été conclu entre les deux pays quelques jours plus tôt: il consiste à une rétrocession des îles de Sanafir et Tiran à Ryad. Le site Egyptian Streets précise que les îles Tiran appartenaient à l'Arabie Saoudite avant 1949, mais que cette année-là, le royaume avait décidé de laisser l'armée égyptienne occuper l'île pour se prémunir d'une attaque d'Israël par la mer lors de la guerre israelo-arabe de 1948-49.
Mais cet accord géopolitique n'est évidemment pas perdant-gagnant. Au début du mois d'avril, le roi Salman d'Arabie Saoudite s'était rendu au Caire pour signer de nombreux contrats et accords portant sur de grands chantiers en Egypte, dont un pont devant relier l'Egypte et l'Arabie Saoudite par dessus la mer Rouge.
Mais Al-Sissi payera peut-être cet accord au prix fort sur le plan intérieur.