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Les poèmes de Léopold Senghor peuvent enfin être déclamés dans sa langue natale
Le sérère a longtemps été une langue exclusivement orale.
Il y a quelques jours Fadial, village de la région natale de Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal, organisait trois jours de festivités pour le quinzième anniversaire de la mort du père spirituel de la nation. Et comme le rapporte le média britannique The Guardian, un évènement majeur a eu lieu à cette occasion: pour la première fois, les poèmes écrits par Senghor en langue française – qu'il maîtrisait mieux que quiconque après ses études au Lycée Louis-le-Grand et à l'Ecole normale supérieure à Paris –, ont été traduits en sérère langue natale de l'ancien président.
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Le sérère est l'une des langues officielles du Sénégal, même si elle n'est parlée que par environ 15% de la population, contrairement au wolof ou au français pratiqués par la quasi-totalité de la population et par l'administration.
C'est Waly Faye, un poète et académicien sénégalais qui a, lors des festivités, lu quelques-uns des poèmes de Senhor en Serer. Pour Waly Faye, c'est la reconnaissance de 30 ans de labeur. Avant qu'il ne s'attelle à cette tâche, le sérère était en effet exclusivement une langue orale. Dans le numéro 55 de la revue universitaire Ethiopiques, consacrée à la littérature africaine, il détaillait la nomination de la langue sérère.
«En 1978, Senghor a décidé la création d'un comité qui décida d'utiliser l'alphabet latin pour transposer le sérère à l'écrit», note The Guardian. Jusqu'à la fin des années 1970, la langue n'avait jamais fait l'objet de décisions officielles concernant son écriture. C'est à cette date que Waly Faye a commencé à collaborer avec Senghor pour traduire ses poèmes.
Au total, Faye a traduit trois recueils majeurs de poèmes de Senghor en sérère. Mais il a encore un rêve, rapporte The Guardian: que les livres scolaires sénégalais puissent être traduits en sérère. Peut-être pour donner naissance à un nouveau Senghor.