mis à jour le

Sous mandat d'arrêt international, le président soudanais a voyagé dans 21 pays en sept ans
Un bel exemple d'impunité.
C'est une date d'anniversaire que les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ne veulent sans doute pas fêter au champagne. Ce 4 mars 2016, cela fait pile sept ans que la CPI, qui juge les responsables de crimes de guerre et crimes contre l'humanité à travers le monde – mais un peu plus souvent en Afrique qu'ailleurs – a émit un mandat d'arrêt international contre le chef d'Etat soudanais Omar el-Béchir.
À lire aussi: Mauvaise nouvelle, la mort d'un dictateur est rarement suivie d'une transition démocratique
Mais à en croire le site Quartz, le dictateur, accusé d'avoir joué un rôle déterminant dans les massacres commis dans la région du Darfour, n'a pas trop souffert de ce mandat d'arrêt international.
Omar el-Béchir a ainsi voyagé librement à 74 reprises dans 21 pays depuis l'émission d'un mandat contre sa personne, il y a sept ans. Au rayon des pays les plus accueillants, l'Ethiopie où il s'est rendu à 19 reprises, l'Arabie Saoudite (10 visites) et le Qatar (8 fois). La plupart des Etats visités pendant el-Béchir ne sont pas des signataires de la CPI.
À lire aussi: Ce que l'affaire Omar el-Béchir révèle de l'impuissance de la CPI
Cependant, nous vous avions raconté sur Slate Afrique comment le dictateur soudanais n'avait pas été inquiété par la justice sud-africaine lors d'un déplacement à Johannesburg en juin – et ce alors que l'Afrique du Sud adhère à la CPI.
«L'avion du chef d'Etat soudanais a redécollé lundi matin, sans même attendre que le tribunal de Pretoria ne statue sur l’affaire. La justice, saisi par une ONG, avait pourtant rendu un jugement demandant au gouvernement sud-africain d’empêcher Omar el-Béchir de quitter le territoire national tant que la justice sud-africaine ne s'était pas prononcée sur la demande d’arrestation du président soudanais formulée par la CPI», écrivions-nous.
Sur son compte Twitter, Sébastien Hervieu, journaliste à Le Monde, avait décrit la faillite des autorités sud-africaines.
Sans surprise, Omar el-Béchir a quitté le pays alors que la justice sud-africaine lui avait interdit. Le président Jacob Zuma n'a rien fait.
— Sébastien Hervieu (@Seb_Hervieu) 15 juin 2015
Les nombreux voyages du dictateur ont été rendus possible à travers le continent africain grâce à la protection de l'Union africaine, rapporte le site Quartz. Au Moyen-Orient, l'autre unique aire géographique où il a voyagé (en Iran, Irak, Arabie Saoudite et Qatar) en dehors de l'Afrique, exception faite de l'Inde, el-Béchir était également sous la protection des chefs d'Etats de la région. Facile à comprendre quand les investissements de l'Arabie Saoudite au Soudan en janvier 2016 ont par exemple dépassé la barre des 11 milliards de dollars, ajoute Quartz.