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Kenya - Pas de bling-bling au Parlement

Un député kényan a été prié de sortir du Parlement mardi dernier, le 1er mars 2011, à cause de son look bling-bling de rappeur américain. Comme on le voit sur une vidéo de CNN, la chaîne de télévision américaine, Gidion Mbuvi, élu de Nairobi (capitale du Kenya), est arrivé à une séance vêtu d’un costume gris brillant, lunettes style aviateur sur le nez et gros diamants accroché aux oreilles. Ce sont ces derniers en particulier qui ont suscité l’indignation.

Le président de la Chambre, Farah Maalim, et certains de ses collègues ont tenu à lui rappeler que les boucles d’oreilles étaient des accessoires féminins. L’un a même avancé que «depuis que Dieu a créé l’homme, jamais dans l’Histoire un homme n’a imité une femme».

Gidion Mbuvi a dû alors se retirer sous les rires moqueurs, car sa tenue portait soi-disant «atteinte à la dignité de l’Assemblée». Il en a tout de même profité pour lancer une remarque acerbe à ceux qu’il considère comme la vieille garde parlementaire :

«Je représente la jeunesse. Je pense que tous les honorables députés de la Chambre devraient se concentrer sur leurs électeurs plutôt que se préoccuper de moi.»

Gidion Mbuvi, 35 ans, est connu pour ses habits clinquants et son look décalé par rapport aux autres politiciens, observe la chaîne britannique BBC News. Loin de lui porter préjudice, son style semble le rendre populaire auprès de la jeunesse. Il est d'ailleurs surnommé Mike «Sonko», «le riche homme» en swahili.

Les 42.000 personnes qui le suivent sur Facebook  peuvent admirer son style ostentatoire sur les photos qu'il poste sur son profil: «bagouses» en or à chaque doigt, casquette et tee-shirts XXL ou encore grosse montre en or au poignet. Selon la BBC, il n’est pas prêt de céder à la pression du code vestimentaire parlementaire. Il a d'ailleurs déclaré:

«C’est notre génération, c’est notre tour. J’essaie de prouver au monde que c’est désormais à la jeunesse de prendre les rênes de la nation.»

Ce n’est pas la première fois que ce «jeune» élu fait parler de lui. Suspecté de trafic de drogue à la mi-février 2011, il avait fermement démenti ces accusations en soupçonnant ses rivaux politiques d’un complot, rappelle The East African.

Ce n’est pas la première fois non plus que la tenue d’un parlementaire fait débat. Comme le remarque le site Afrik.com, le code vestimentaire dans la classe politique kényane est un héritage des Britanniques. En 2003, le président de l’Assemblée avait lui aussi été prié de quitter la séance parce qu’il était habillé en costume traditionnel alors que la bienséance impose le costume-cravate. Mais Gidion Mbuvi, lui, était bien en costume… gris à paillettes.

Vu et lu sur CNN International, BBC News