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Des officiers de police pendant une opération de contrôle à Tunis, le 18 novembre. Photo: REUTERS/Zoubeir Souissi
Des officiers de police pendant une opération de contrôle à Tunis, le 18 novembre. Photo: REUTERS/Zoubeir Souissi

La décapitation d'un berger tunisien par des jihadistes qui révolte les Tunisiens

Beaucoup d’habitants des zones très reculées ont l'impression d'être abandonnés par le pouvoir.

C'est un acte d'une horreur sans nom. Mabrouk Soltani, un jeune berger tunisien de 16 ans, a été égorgé puis décapité par des jihadistes vendredi 13 novembre alors qu'il faisait paître ses moutons sur le mont Mghilla. Ses assassins ont ensuite ordonné à son cousin Chokri, 14 ans, témoin de la scène, de ramener la tête enveloppée dans du plastique à la famille, selon des proches et le ministère de l'Intérieur, rapporte l'AFP.

«Selon les témoignages des proches recueillis par les médias locaux, Mabrouk et son cousin de 14 ans ont croisé des terroristes dans les montagnes, où la population a l’habitude de se rendre avec ses bêtes et pour chercher de l’eau. Là-bas, les deux gamins ont été accusés d’être des indicateurs des forces de sécurité. Ils ont été ligotés et Mabrouk, décapité. A son cousin, les terroristes ont demandé d’emporter la tête à sa famille», raconte le journaliste Ramses Kefi sur le site Rue89.

Le lendemain, racontent des membres de la famille à l'AFP, ce sont les proches eux-mêmes qui bravent le danger pour aller chercher la dépouille de Mabrouk. Ils la trouveront gardée par des chiens. Face à l'émoi, le Premier ministre tunisien Habib Essid a reconnu que les forces de l'ordre avaient tardé. «Nous avons pris les mesures nécessaires, un peu tard il est vrai, (...)», a-t-il dit à la chaîne privée El Hiwar Ettounsi. Mabrouk a été tué seulement pour avoir refusé de livrer ses bêtes aux jihadistes, a assuré le Premier ministre précisant que le jeune berger n'avait «rien à voir avec l'armée ni avec la police»

Des habitants qui réclament des armes

Le meurtre du jeune berger n'a pas été revendiqué.

Le groupe terroriste la Phalange Okba Ibn Nafaa, principal groupe extrémiste armé tunisien lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a abattu deux soldats tunisiens le mois dernier, a démenti lundi sur son compte Twitter être l'auteur du meurtre du jeune berger. 

Ce week-end, l'armée tunisienne a néanmoins lancé une opération sur le mont Mghilla, tuant au moins un jihadiste présumé et perdant un militaire. Le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli s'est rendu sur place samedi mais les renforts l'accompagnant ont essuyé la colère des habitants, furieux de leur absence jusque-là. Certains ont réclamé au ministre des armes pour se défendre eux-mêmes face aux jihadistes.

Rue 89 rapporte également que le cousin du jeune berger, Nassim, a expliqué sur une chaîne de télévision tunisienne que «les terroristes, quand ils ne les effraient pas, draguent les jeunes du coin, dans un contexte qui leur est favorable. Pas de boulot et zéro perspective. Un fort sentiment d’abandon aussi, qui date déjà d’avant la révolution : mis à part administrativement, beaucoup d’habitants des zones très reculées se demandent s’ils sont vraiment tunisiens.»

Slate Afrique

La rédaction de Slate Afrique.

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