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La France va t-elle à son tour lâcher la Tunisie sur le plan touristique?
Le ministère des Affaires étrangère britannique a déclaré jeudi qu'il déconseillait à ses ressortissants de se rendre en Tunisie suite à l'attaque de Sousse.
Le coup est rude pour la Tunisie. Le gouvernement britannique a annoncé, jeudi 9 juillet, qu’il déconseillait désormais le pays à ses ressortissants pour tout voyage «non-essentiel». Le Royaume-Uni est le pays qui a payé le plus lourd tribut dans l'attaque de Sousse: 30 des 38 personnes tuées étaient des touristes britanniques.
Cette décision est d'autant plus dur que la clientèle britannique avait connu 10 % de progression annuelle depuis la révolution de 2011. Une dynamique inverse aux autres clientèles européennes. Avec 500 000 visiteurs par an, les Britanniques s'étaient hissés à la deuxième place derrière les Français (900 000). Selon les chiffres du ministère du Tourisme tunisien, 6,06 millions de touristes se sont rendus dans le pays en 2014.
Par ailleurs, les autorités du Danemark et de la Finlande ont tous les deux annoncé vendredi 10 juillet qu'ils déconseillaient eux aussi à leurs concitoyens de se rendre en Tunisie.
L'ambassade de Finlande à Tunis:" Les autorités (tunisiennes) n’assurent pas la sécurité des zones touristiques de manière adéquate".
— Ochlocratie (@Ochlocratie) July 10, 2015
Dans une déclaration au journal Le Monde, Ahmed Smaoui, l'ancien président de Tunisair et ex-ministre du Tourisme et des transports, juge que la décision britannique est, «très fâcheuse, c'est extrêmement inquiétant, la saison est sacrifiée. C'est une perte de crédibilité pour la Tunisie car on avait fourni des assurances aux tours opérateurs britanniques. Le gouvernement a déployé des mesures de sécurité mais elles n'ont pas été jugées convaincantes à Londres».
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Le gouvernement tunisien avait en effet déjà annoncé l'instauration pour 30 jours minimum de l'état d'urgence dans le pays. La construction d'un mur à la frontière libyenne, par laquelle s'infiltrent des djihadistes qui se sont entraînés dans des camps en Libye, est également en projet.
La décision de la France est donc attendue maintenant avec beaucoup d'inquiétude par les autorités tunisiennes. Paris va t-il imiter la décision de Londres? Nous avons contacté le ministère des Affaires étrangères qui n'a pas donné suite à notre question à l'heure actuelle.
Pour le moment le site internet du ministère des Affaires étrangères français se contente d'indiquer que dans le contexte de l'attentat de Sousse, «la recommandation faite aux ressortissants français d’être particulièrement vigilants est renouvelée.» Cet avis «déconseille formellement» les zones frontalières avec la Libye à l'Est et avec l'Algérie au Sud-Ouest, l'extrême-sud saharien ainsi que les monts Chaambi, Semmama et Selloum dans le Centre-Ouest.
De leur côté, les autorités tunisiennes espèrent encore infléchir la décision britannique.
Quelques minutes après l'annonce britannique, le Premier ministre tunisien Habib Essid a assuré, lui, que son pays a fait «tout son possible» pour protéger les «institutions britanniques». «Demain matin (ce vendredi 10 juillet) nous allons appeler le Premier ministre britannique pour lui dire que nous avons fait tout notre possible pour protéger toutes les institutions britanniques et celles des autres pays, c'est notre devoir», a-t-il annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi devant les députés lors d'une séance plénière.