mis à jour le

Qui est vraiment Anders Kompass, «lanceur d’alerte» dans l’affaire des viols en Centrafrique?
Le haut fonctionnaire des Nations unies, à l'origine des fuites du rapport confidentiel de l'Onu qui accuse des soldats français de viols sur des enfants centrafricains, avait déjà fait l'objet d'une précédente enquête au sein de l'organisation onusienne.
Dans l’affaire des révélations autour du rapport confidentiel de l’Onu, qui accuse des soldats français de viols d’enfants en République centrafricaine, un homme est au centre de l’ouragan: Anders Kompass, directeur des opérations de terrain au Haut Commissariat de l’Onu pour les droits de l’homme.
Selon le quotidien britannique The Guardian, Anders Kompass, de nationalité suédoise, a transmis le rapport à des enquêteurs français après avoir constaté que l'Onu tardait à agir. Une version contredite par un haut responsable de l'Onu, qui assure au Monde que, si Kompass avait voulu accélérer le processus, il aurait pu envoyer le rapport au Guardian dès le mois de juillet. L'Onu a en effet confirmé mercredi 29 avril avoir enquêté dès le printemps 2014 sur des «accusations graves d'exploitation sexuelle et d'abus commis sur des enfants par des militaires français» en République centrafricaine.
Selon les informations du Monde, le ministère de la Défense a reçu ce «document de travail» de l'Onu le 29 juillet 2014 et en a dans la foulée informé le parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire pour «viols sur mineurs de 15 ans» le 31 juillet.
L'Onu lui refuse le statut de lanceur d'alerte
Cadre de l'Onu depuis trente ans, Anders Kompass connaît les procédures, notamment l'édition nécessaire des rapports pour protéger les victimes, estime le haut responsable de l’Onu cité par Le Monde.
Une source à l'Onu, citée par l'AFP, explique aussi sous couvert de l'anonymat que le responsable sanctionné avait fait fuiter le rapport une semaine seulement après qu'il avait été fourni par les enquêteurs et que son action ne pouvait donc pas s'expliquer par une frustration devant un manque de réactivité de l'Onu.
Le porte-parole adjoint de l’Onu, Farhan Haq, a lui indiqué que le rapport transmis officieusement à Paris par Anders Kompass n'était pas expurgé des noms des victimes, témoins et enquêteurs, ce qui pouvait «mettre en danger» ceux-ci. «Notre conclusion préliminaire est qu'une telle conduite ne peut pas être considérée comme celle d'un lanceur d'alerte», a souligné Farhan Haq.
Accusé d’avoir fait fuiter ce document confidentiel et d’avoir court-circuité sa hiérarchie, Anders Kompass a été placé «en congé administratif avec plein salaire» dès le 17 avril, a précisé le porte-parole adjoint de l’Onu, en attendant les conclusions de l’enquête interne sur «ce grave manquement aux procédures» en vigueur.