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Des migrants lors d'une opération de secours le 28 novembre 2013 en Sicile. REUTERS/Marina Militare/Handout
Des migrants lors d'une opération de secours le 28 novembre 2013 en Sicile. REUTERS/Marina Militare/Handout

Pourquoi la Libye est devenue le tremplin des migrants vers l'Europe

Les embarcations qui ont fait naufrage ces derniers jours au large des côtes italiennes sont toutes parties de Libye.

Après le naufrage d’un chalutier en mer Méditerranée ce week-end, un nouveau bilan annoncé mardi 21 avril fait état de 800 morts, selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations. C’est la dernière catastrophe d’un drame qui se déroule à flux tendu le long des côtes italiennes.

Ce naufrage fait suite à de nombreux autres: environ 450 personnes sont mortes dans des conditions similaires en moins d’une semaine. Il faut aussi savoir que les autorités et les navires marchands récupèrent entre 500 et 1500 migrants par jour. Près de 10 000 migrants ont même été secourus par les gardes-côtes pour le seul week-end des 11 et 12 avril dernier. Mais si les secours se déploient au large du sud de l'Italie, le drame se noue sur l'autre rive de la mer Méditerranée, en Libye. Dans un article sur son site, la BBC retrace les raisons qui font de l'ancien pays de Kadhafi, "un tremplin vers l'Europe." 

1) Des passeurs liés aux milices

Depuis la chute de Kadhafi en 2011, différents groupes armés contrôlent le pays. La Libye est donc de facto découpée géographiquement en plusieurs zones d'influences. Le pays est même dirigé par deux Parlements et deux gouvernements rivaux. L'un est proche de la coalition de milices Fajr Libya qui contrôle la capitale Tripoli et l'autre est reconnu par la communauté internationale et siège à Tobrouk (est). Dans cette situation, "les marchands d'êtres humains se multiplient dans ce climat", écrit la BBC. "Les passeurs qui ont des liens avec certaines milices font des profits énormes en envoyant en masse des migrants vers l'Europe sur des bateaux de fortune."

2) Des gardes-côtes conciliants

La géographie joue un rôle important dans cette situation. Au sud, la frontière qui jouxte le Soudan le Niger et le Tchad est la porte d'entrée des migrants venus d'Afrique subsaharienne et notamment d'Erythrée et de Somalie. Pire, le littoral libyen, qui donne sur la Méditerranée, ne fait l'objet d'aucune surveillance sérieuse. En novembre dernier, des gardes-côtes de Tripoli avaient avoué à la BBC qu'ils laissaient les embarcations de migrants prendre la mer, sauf en cas de "très gros problème sur le bateau". 

3) La route maritime la moins surveillée

La voie maritime entre la Libye et les côtes italiennes - mais aussi le littoral grec, où un naufrage a fait 3 morts le 20 avril au large de l'île de Rhodes - est aujourd'hui la plus utilisée par les embarcations de migrants clandestins. L'une des raisons à cela selon la BBC, est "la surveillance accrue de l'Espagne et de l'Union Européenne autour du détroit de Gibraltar" où le trafic de migrants a fortement baissé ces dernières années. 

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique. 

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