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Trois Rwandaises accusent des militaires français de viol

Encore 3 mois d’attente pour les trois Rwandaises qui accusent des militaires français de viol. Elles devaient être entendues pendant trois jours à compter du mercredi 29 juin 2011 par Frédéric Digne, le juge d’instruction du Tribunal aux armées de Paris (TAP). Mais celui-ci a repoussé les audiences à la dernière minute pour raisons de santé, rapporte RFI.

Les présumées victimes Tutsi accusent les soldats français de l’opération Turquoise de les avoir violées dans des camps de réfugiés, en 1994, l'année du génocide.

La force, composée de 2.550 militaires de l’armée française, avait pour mission officielle de protéger les civils des affrontements entre le gouvernement intérimaire rwandais et le Front patriotique rwandais (FPR):

«Tous les militaires savaient ce qu’il se passait. Parfois, il y avait jusqu’à une dizaine de militaires français qui me violaient. Aucun ne m’a porté assistance. Ils venaient à deux m’arracher de ma tente, pendant que d’autres faisaient la même chose juste à côté. On se retrouvait toutes dans la tente des militaires qui disaient aux autres “Venez, les filles sont là ! C’était comme un repas quotidien», raconte Olive (prénom modifié).

Les trois femmes ont porté plainte en 2009 pour «crimes contre l’humanité» et «participation à un association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime contre l’humanité». Des griefs imprescriptibles et pleinement justifiés pour le TAP, car loin d’être des cas isolés. Les plaignantes affirment que les viols visaient systématiquement les Tutsi, communauté victime du génocide des Hutu en 1994:

« Ils nous ont violées parce qu’on était Tutsi. Beaucoup de militaires étaient persuadés que nous n’allions pas survivre […] Ils violaient de futurs cadavres», explique Françoise (prénom modifié).

Selon Géraud de La Pradelle, président de la Commission citoyenne (CEC) sur l’implication de la France au Rwanda, l’accusation pourrait atteindre les plus hautes sphères du pouvoir :

«Le but est de retrouver les militaires qui sont coupables de ces crimes. Mais cela fait partie d'une stratégie dont le but est que ces militaires, une fois retrouvés, témoignent des ordres formulés par le pouvoir en place à l'époque. Parce que c'est au pouvoir civil qu'obéit l'armée.»

L’armée française a toujours démenti les accusations de viols et toute implication dans le génocide rwandais.

Lu sur RFI, Rue89