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Kenya - Et glou, et glou, et glou
La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, voilà un livre de l’écrivain français Philippe Delerm qui devrait parler aux Kényans.
Comme le remarque l’hebdomadaire East African, ils viennent d’être désignés comme les plus grands buveurs de bière d’Afrique de l’Est par le rapport 2011 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’alcool et la santé (PDF).
La bière représente effectivement 44% de leur consommation individuelle d’alcool pur par an. En ce qui concerne ses pays voisins —Burundi, Rwanda, Ouganda, Tanzanie — la bière ne représente que 2% de leur consommation totale d'alcool.
Le vin de banane (tonto), la bière de sorgho, l’alcool de millet, ou encore le Sodabi du Bénin, sont des boissons également fort appréciées. C’est une particularité du continent africain: les liquides artisanaux (waragi, comme on les appelle en Ouganda) représentent presque la moitié de la consommation annuelle totale (48%).
Cela ne fait pas pour autant de l’Afrique le continent le plus imbibé du monde, car la moyenne de consommation n'y est «que» de 6,2 litres soit seulement 10 cl de plus que la moyenne mondiale —mais deux fois moins que la moyenne globale de l’Europe.
Si la bière est plus appréciée au Kenya qu’au Burundi, la consommation d’alcool y reste «stable» selon l’OMS (période 2003-2005). Elle plafonne à 4,1 litres d’alcool pur par an et par personne, soit moins de la moitié que celle des Burundais (9,5 litres).
La différence majeure se trouverait dans le mode de consommation: en effet, selon le rapport, si en Europe beaucoup de gens boivent de petites quantités, en Afrique c'est l'inverse: peu de gens boivent, mais ils le font en grande quantité.
2,5 millions de décès morts sont liés à l’alcool chaque année. Au Kenya, les pouvoirs publics prennent d'ailleurs des mesures radicales, quitte à se mettre la population à dos. Une loi controversée a été promulguée en novembre 2010: la loi Mututho, du nom du député John Mututho. Elle interdit la vente d’alcool en journée la semaine et en matinée le week-end. Le député se justifie en expliquant que l’alcool affecte le cerveau et transforme les hommes en zombies.
Sur sa page Facebook, Mututho partage le témoignage d’un fils et d’une mère qui souffrent de l’alcoolisme du père. «Les parents boivent, les enfants trinquent ?» Cela ne parle pas à tout le monde, puisqu'ils sont nombreux à dénoncer le passage en force de cette loi. D'ailleurs, l’un d'entre eux rappelle que le premier à avoir changé l’eau en vin était… Jésus.
Lu sur The East African