mis à jour le

Les étudiants zimbabwéens ne pourront plus s'embrasser dans le campus
Et, bien sûr, ils ne comptent pas se laisser faire.
«Quiconque sera surpris dans une position intime (s’embrasser ou avoir des relations sexuelles en public) sera immédiatement exclu du campus.»
Ce sont les termes de la circulaire que vient de diffuser les responsables de l’université de Harare, la capitale du Zimbabwe. Une circulaire en onze points à la faveur de la rentrée académique dans le pays, et qui interdit aussi de «flâner dans les recoins obscurs hors de la salle de sport ou des salles de conférences», rapporte le site du quotidien Newsday.
Ce nouveau règlement intérieur a provoqué un mouvement d’humeur des étudiants. Tous dénoncent une atteinte flagrante à leurs droits et libertés. Le responsable du syndicat des étudiants zimbabwéens, Gilbert Mutubuki, a ainsi fait savoir que «ces règles sont répressives, archaïques et mauvaises et [qu’elles] réduisent l’université à une école primaire», dans des propos rapportés par le site Zimeye. Il leur a été remis un formulaire dans lequel ils doivent indiquer qu'ils se plieront à ces directives.
«Nous ne pouvons pas être traités comme des enfants. Les responsables de l’université donnent trop de pouvoir aux surveillants à qui il revient de définir ce qu’est une position intime. Nous ne pouvons pas l'accepter», ajoute un autre membre du syndicat étudiant.
Il ne s’agit pas vraiment de la première décision du genre dans la principale université du pays. Il y a déjà 7 ans, rappelle The Zimbabwean, il avait été interdit aux étudiants de consommer de la bière au sein du campus, de cuisiner dans les chambres ou de recevoir des visites au-delà de 22 heures.
Cette règle vient d’ailleurs d’être renforcée par le nouveau règlement intérieur. Zimeye qui publie une copie du communiqué, précise que désormais, il est interdit aux étudiants de recevoir toute personne extérieure au campus.
Pour le Daily Nation, il s’agit surtout, pour les autorités de tuer dans l’œil toute velléité de soulèvement des étudiants, en les empêchant de se réunir. Les diverses lois adoptées au Zimbabwe visant à restreindre les libertés ont souvent conduit les étudiants à rejoindre des manifestations anti-gouvernementales initiées par des syndicats de travailleurs et d’autres groupes de défense des droits de l’homme, explique encore le Daily Nation. Une analyse que soutient un responsable de la Ligue des droits de l’Homme au Zimbabwe:
«Il y a des gestes qui ne sont pas convenables en public. Les baisers et les accolades n’en font pas partie. Cette décision est donc illégale et vise à restreindre la liberté d’association.»
Raoul Mbog