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Cannabis: la Tunisie sur la voie de la dépénalisation
Puisque criminaliser la consommation de cannabis fait plus de mal que de bien, plusieurs mouvements plaident pour l'ouverture d'un débat sur la question.
La consommation de cannabis est un passe-temps à haut risque en Tunisie: la simple consommation d’un joint est puni d’un à trois ans de prison et de 1.000 à 3.000 dinars d’amende (500 à 1500 euros). Des mesures punitives qui n’ont aucun impact positif, comme en ont souvent témoigné des jeunes consommateurs emprisonnés: arrêt des études, casier judiciaire et consommation d’autres types de stupéfiants en prison. Un collectif a lancé la semaine dernière une campagne afin de dépénaliser la consommation de cannabis en Tunisie.
En mars 2012 déjà une manifestation avait été organisée devant l’Assemblée nationale constituante, au Bardo. Des jeunes étaient venus demander la dépénalisation du cannabis en Tunisie. La semaine dernière un collectif citoyen indépendant a relancé le débat en Tunisie Al Sajin 52: le prisonnier 52, en rappel à la loi 52 qui pénalise la consommation de cannabis. Le collectif souhaite l’ouverture d’un débat national sur la question et une remise en question de la loi:
Art.4: Sera puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de mille à trois mille dinars, tout consommateur ou détenteur à usage de consommation personnelle de plantes ou de matières stupéfiantes, hors les cas autorisés par la loi. La tentative est punissable.
Le collectif a rédigé une lettre ouverte à l’attention du Premier ministre:
Monsieur le chef du gouvernment,
A travers Al Sajin 52, et au diapason de cet air de liberté qui souffle sur le pays, nous vous sollicitons afin de considérer notre initiative et tenons à vous rappeler vos responsabilités et vos devoirs envers ce peuple et sa jeunesse à qui vous devez votre statut actuel.
Nous appelons à l'ouverture d'un débat national sous votre égide afin de travailler sur un phénomène dont l'ampleur est nationale avec pour seul crédo : Modifier sensiblement la loi 52.
Plutôt que de continuer à appliquer une loi parmi les plus répressives au monde et ignorer ses conséquences ravageuses; Arrêtons l'hypocrisie!
Cette loi était utilisée de manière répressive par l’ancien régime contre les voix contestataires. Aujourd’hui, pour les défenseurs de la réforme, c’est toujours le cas. L’emprisonnement du chanteur Kafon, co-auteur de la chanson Houmani, tube national, visionné des millions de fois sur youtube en quelques mois et qui raconte les conditions de vie des jeunes Tunisiens, en serait un exemple.
Sana Sbouai