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Zimbabwe: quand les églises et les brasseries se disputent des fidèles
Le marché de la bière n'est plus aussi florissant qu'avant, la faute aux églises qui persuadent leurs fidèles d'arrêter de boire.
Au Zimbabwe le secteur de la bière n’a presque jamais connu de crise avant ces derniers mois. Depuis moins d’un an les grandes compagnies de bière telless que Delta Corporation connaissent une baisse de leur chiffre d’affaires. Un manque à gagner qui s’explique par de nombreux problèmes socioéconomiques, explique le site du quotidien sud-africain The Mail & Guardian.
Où sont passés les amateurs de bière du Zimbabwe? D’après un récent communiqué du leader Delta Corporation, qui a la plus grosse part de marché dans ce secteur (95%), les Zimbabwéens achètent moins de bières. L’entreprise qui compte dans ses rangs de nombreuses marques a observé une baisse significative de 25%. Un chiffre qu’elle justifie par la hausse des prix, suite à l’augmentation des taxes gouvernementales, mais aussi à cause des églises qui poussent leurs fidèles à se libérer des tentations de l’alcool. Une théorie que confirme Mairosi Mubvumbi, pasteur dans l’église Christ Ministries.
«Nous aidons un certain nombre de nouveaux convertis qui se battent pour arrêter de boire de l'alcool chaque semaine… Nous donnons des conseils et prions pour les alcooliques. Nous déconseillons la bière aux gens qui viennent à Jésus et à l’église, a-t-il expliqué. Nous ne pouvons pas cacher le fait que les gens subissent une pression économique et cherchent la délivrance dans l’église. Les réunions de prière à l’heure du déjeuner se remplissent de gens qui essaient d'échapper aux difficultés économiques et nous leur demandons toujours de cesser la consommation de bière pour la délivrance.»
Même si les églises ont attiré une grande partie de la clientèle qui fréquentait les bars, il y a d’autres explications à cette baisse de consommation. Et le Zimbabwe n’est pas complètement sevré, car certaines personnes se tournent vers les bars clandestins dits les «Shebeens». La bière y est souvent moins chère, l’alcool beaucoup plus fort et contrairement aux établissements de Harare qui ferment à 20h, dans ces brasseries clandestines la fête continuent jusqu’à épuisement des stocks.
«Nous assistons à une recrudescence des shebeens et de la vente de leur alcool dans la banlieue», raconte une habitante de Harare.
Cependant, Delta Corporation devra surmonter bien d’autres obstacles avant de revoir ses chiffres décoller. Le ministre des Finances, Patrick Chinamasa, a déclaré en décembre dernier que les taxes concernant l’alcool ne seront pas modifiées, ce afin de limiter les effets de ce produit sur la société. The Mail&Guardian révèle également que le manque de pouvoir d’achat a poussé les consommateurs aux portefeuilles plus modestes à se tourner vers des bières de moins bonne qualité, mais beaucoup moins onéreuses.
Lu sur The Mail & Guardian