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Un tavailleur lit le quotidien du Soudan du Sud The Citizen. SOUTH-SUDAN/RADIO REUTERS/Adriane Ohanesian
Un tavailleur lit le quotidien du Soudan du Sud The Citizen. SOUTH-SUDAN/RADIO REUTERS/Adriane Ohanesian

Les comptes-rendus des journalistes occidentaux au Soudan du Sud sont-ils biaisés?

Le traitement du conflit sud-soudanais n'est pas du goût de tous.

C’est un fait établi, depuis la guerre du Rwanda, que les médias occidentaux ont tendance à surestimer les facteurs ethnique ou religieux. Après avoir réduit le conflit soudanais à une lutte entre nord arabe et sud chrétien ou animiste, certains observateurs se sont contentés de changer de focale afin d'évoquer le fossé qui sépare Nuer et Dinka au Soudan du Sud. Pour l’écrivaine kényane Nanjala Nyabola, la raison en est simple:

«Les événements ou les situations sont analysés en fonction de ce que l’Occident n’est pas. […] Ainsi, dans la couverture de la crise au Soudan du Sud, l’ethnicité est un artifice permettant de distinguer l’Afrique de l’occident. C'est même devenu un raccourci lesté de sa valeur explicative

Mais si les médias occidentaux ne comprennent pas l’Afrique, les Africains s’en tirent-ils à meilleur compte? Pas nécessairement répond The Guardian. Bien sûr, un journaliste local part avec une série d’avantages sur un étranger, cependant, un habitant du Soudan du Sud qui décrit les conflits entre les troupes gouvernementales de Salva Kiir et les rebelles acquis à la cause de Riek Machar n’est pas exempt de sa part de subjectivité.

Pour étayer cet argument, le quotidien britannique prend en exemple la couverture médiatique de la ville de Jor, dans l’Etat du Plateau, au Nigeria. L'animosité qui régnait dans la région en 2011, empêchait les journalistes originaires de la communauté musulmane d’obtenir des renseignements du camp chrétien, et inversement. Si bien que les informations diffusées par un groupe avaient tendance à renforcer ses préjugés. L’écueil, pour tout journaliste est donc ne donner voix au chapitre qu'à un seul point de vue.

Néanmoins, le nombre de témoignages entendus et diffusés étant limité, les médias ne peuvent détenir que de petits morceaux du réel, qu’ils replacent dans l’histoire de la région avec plus ou moins d’habileté. A cet égard, le recours à des journalistes locaux, loin de constituer un idéal-type serait un moindre mal:

«Nous devons donner plus souvent la parole aux Africains afin d’avoir leur vision des choses sur les conflits, leur propres idées», conclut le Guardian.

Ce qui laisse à penser que ce sont toujours les mêmes qui tiendraient le micro …

Lu sur Al Jazeera et The Guardian

Slate Afrique

La rédaction de Slate Afrique.

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