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Catherine Samba-Panza, le 20 janvier 2013, à Bangui. REUTERS/Siegfried Modola
Catherine Samba-Panza, le 20 janvier 2013, à Bangui. REUTERS/Siegfried Modola

Centrafrique: Catherine Samba-Panza n'est pas le messie

La mission de pacification et de réconciliation de la nouvelle présidente centrafricaine ne sera pas une sinécure.

Les parlementaires centrafricains ont finalement préféré la candidature de la femme d’affaires Catherine Samba-Panza. Du conclave des 135 conseillers du CNT de ce lundi 20 janvier 2014, «la fumée blanche» s’est dégagée autour du nom de la maire de la capitale, qui devra parachever la transition entamée par Michel Djotodia, en s’employant à faire oublier l’obscur intermède de ce dernier, pour conduire la République centrafricaine vers des élections libres et transparentes.

Vu les conditions drastiques qui étaient édictées et la transparence des votes dans un scrutin à bulletin secret qui aura finalement nécessité deux tours, l’élue s’apparente à un messie pour la RCA, tant le profil de droiture et de probité recherchées étaient de rigueur. Et Dieu seul sait si de messie, les Centrafricains en ont besoin en ce moment, eux dont les aspirations immédiates se résument en un retour rapide à la paix.

Situation chaotique

Catherine Samba-Panza semble l’avoir compris, elle qui a immédiatement lancé un appel aux belligérants à déposer les armes. Mais, la tâche s’annonce très ardue pour cette dame, eu égard à la profondeur de la fracture sociale et religieuse. Toutes choses qui amènent à nourrir quelques inquiétudes pour elle, tant la situation est pleine d’incertitudes. Assurément, la nouvelle présidente intérimaire a du pain sur planche d’autant plus que, sur le terrain, les exactions sont loin d’avoir cessé et le regain de tensions s’exporte dans les provinces.

La situation est d’autant plus préoccupante que les anti-Balaka, que l’on soupçonne de travailler pour le retour de François Bozizé, sont en train de se substituer à la Séléka de Djotodia en termes d’exactions sur les populations.

C’est une lapalissade de dire que la nouvelle présidente devra se sacrifier pour la RCA, vu l’immensité des défis. Plus que les honneurs du pouvoir, elle hérite d’une situation chaotique dans laquelle elle devra faire preuve de doigté et de maestria pour travailler à recoller les morceaux d’un tissu social profondément désintégré et émietté.

Tâche ardue

Ce ne sera pas tâche aisée, de tirer ces populations durement éprouvées, des profondeurs de l’enfer pour les orienter vers des lendemains paradisiaques auxquels elles aspirent légitimement. Car, face à la profondeur du mal, la réconciliation entre Centrafricains d’une part, entre Centrafricains et communautés étrangères d’autre part, ne sera pas chose aisée, si tant est que le désir de vivre ensemble reste une réalité. Déjà qu’elle semble bénéficier de la confiance de ses compatriotes, tout le mal qu’on lui souhaite, c’est de réussir, en tant que femme, là où les hommes ont jusqu’ici échoué.

De la réussite de cette transition dépendra aussi l’avenir de la RCA. Aussi la nouvelle élue devra-t-elle s’y atteler, et mettre le cœur à la tâche de telle sorte que sa réussite amène ses compatriotes à regretter d’avoir grillé une belle cartouche qui aurait pu être utilisée lors de la présidentielle pour un bail plus long, à défaut de pouvoir lui décerner une dérogation spéciale. Toutefois, on peut aussi espérer qu’autant elle pourra être l’oiseau rare pour redresser une situation transitoire bien mal engagée, autant il pourra en sortir un autre pour la présidentielle afin d’amener la RCA vers des lendemains meilleurs, en installant durablement le pays dans la paix et le progrès. Car, ce qu’il faut absolument éviter, c’est de faire le ménage pour le retour des démons en RCA. Aussi l’après-transition est-elle tout aussi essentielle et pleine de défis.

Quoi qu’il en soit, c’est maintenant que la RCA a le plus besoin de l’homme providentiel. En cela, il est impératif que l’élue se montre à la hauteur de la tâche. Outélé Keita

Cet article a d’abord été publié dans Le Pays

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