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Amal Tahar El Hadj: la femme qui veut diriger la Libye
Sa double filiation revendiquée à Margaret Thatcher et à Saïda Aïcha, l'épouse de Mahomet, rend perplexe.
La possibilité qu’une femme dirige la Libye a souvent été évoquée en sourdine, depuis la révolution qui a fait partir Mouammar Kadhafi du pouvoir. Mais c’est la première fois que l’hypothèse est sérieusement envisagée. Selon le quotidien arabophone Al Hayat, basé à Londres, une femme pourrait remplacer l’actuel Premier ministre Ali Zeidan, s’il est victime d’une motion de censure. Elle s’appelle Amal Tahar El Hadj et elle a officiellement déposé sa candidature lors du dernier Congrès national tenu à Tripoli en fin de semaine dernière.
Si l’information a été peu relayée, c’est parce que la classe dirigeante actuelle ne veut pas en faire un événement, croit savoir Al Hayat. Pourtant, si Amal Tahar El Hadj est élue, ce serait un événement d’importance depuis l’indépendance de la Libye en 1951.
«J’ai la détermination, les idées et la capacité de faire changer les choses en Libye. C’est tout le sens de ma candidature», a déclaré au Libya Herald, cette ancienne professeure d’anglais à l’université de Tripoli.
Amal Tahar El Hadj dit s’inspirer de Margaret Thatcher et de Saïda Aïcha, l’épouse du prophète Mahomet pendant les 10 ans passés à Médine, où ce dernier pose les bases de l’islam. Saïda Aïcha, comme le rappelle la spécialiste du monde arabo-musulman Geneviève Chauvel, dans son livre Aïcha: la bien-aimée du Prophète, était devenue une femme d’influence, experte en exégèse coranique et créa les premières écoles coraniques. Quant à Margaret Thatcher, l’on n’ a pas fini de gloser sur la fermeté avec laquelle elle dirigea la Grande-Bretagne de 1979 à 1990.
C’est peut-être davantage cette double filiation qui a suscité le plus de commentaires sur les réseaux sociaux davantage que le fait qu’elle devienne peut-être bientôt la première femme à présider aux destinées de la Libye.
Ya3tik esa7a! #Libya’s female PM candidate Amal al-Taher el-Haj says country needs a ‘woman’s touch’ http://t.co/g33sROcjxH #Libye
— Imad Mesdoua (@ImadMesdoua) 14 Janvier 2014
Political activist Amal Al-Taher El-Haj, "a great admirer of Margaret Thatcher," running for first female PM of Libya http://t.co/vxOR1P1MDi
— Bridget Johnson (@Bridget_PJM) 14 Janvier 2014
Amal Tahar El Hadj a confié au Libya herald que c’est auprès des hommes qu’elle pense bénéficier du plus de soutiens. Son programme qu’elle se prépare à baptiser «L’espoir après la souffrance» se veut essentiellement économique, même si elle dit vouloir continuer à mettre l’accent sur les questions de sécurité.
«Dans ce programme, elle s’est engagée à former un gouvernement de crise, à la tête de ses priorités la construction de l’armée et de la police. Elle a, par ailleurs, promis de décréter l’état d’urgence à Benghazi pour lutter contre la série d’attentats et d’assassinats dans la ville», fait savoir le site féminin algérien Focuselles.
Mais Amal Tahar El Hadj pourrait-elle vraiment changer les choses en Libye? Cette activiste est connue pour son soutien indéfectible à la révolution de 2011. Mais, estime Focuselles, elle a trop côtoyé les cercles du pouvoir de transition pour espérer d’elle une réelle indépendance et la fermeté dont elle prétend pouvoir faire preuve si elle est élue. D’ailleurs, ses confidences au Libya Herald, selon lesquelles elle va «composer avec plusieurs personnalités du gouvernement actuel» font craindre qu’elle n’apporte aucun renouveau.
Lu sur Libya Herald, Focuselles, Al Hayat