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Le mariage avant la révolution
Pour de nombreux jeunes Égyptiens, le mariage rime avec galère et lourds sacrifices. Le printemps arabe n'a pas amoindri la pression qui pèse sur ces jeunes générations.
Il n'y pas que la révolution dans la vie. Il y a le mariage aussi. Ahmed Gamel, un militant de 24 ans, représentant du mouvement du 6 avril qui a été l'un des acteurs phares de la révolution de 2011, en est convaincu. L'Egypte ne changera pas si le mariage reste inaccessible à des millions de jeunes. C'est un fait connu, les jeunes Egyptiens peinent à se marier faute d'argent. Les plus chanceux économisent pendant plusieurs années avant d'accéder à cette étape cruciale, les autres flirtent dans les parcs à l'abri des regards ou s'exposent à l'infamie.
Une femme d'une trentaine d'années, sans mari, devient très vite suspecte. Comme le souligne un reportage de la NBC dédiée à cette plaie d'Egypte, les noces symbolisent le passage de la vie d'adolescent à celle d'adulte. Une étape fondamentale dans la construction sociale d'un individu: sa reconnaissance passe principalement par le mariage.
Or, tous les jeunes n'y ont pas accès. Ils mettent de l'argent de côté, serrent la ceinture, toujours plus fort. Entre temps la jeune femme qui convoitait a été séduite par un autre prétendant. Rania Salem, professeur à l'université de Toronto, évalue à trois ans et demi le nombre d'années d'économie pour un mari. Six mois pour la conjointe.
Certes, cette pression de la société ne date pas d'hier, mais la révolution de 2011 n'a rien changé. L'onde de choc politique n'a pas encore eu de répercussions sur les moeurs et les traditions. Pire, la crise économique dans laquelle est embourbée l'Egypte n'arrange rien. Les jeunes générations, même diplomées, peinent à gagner correctement leur vie.
«Quand vous vivez en Egypte, vous apprenez à attendre», témoigne Ahmed, lucide.
Lu sur NBC