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Angola: l’antilope, emblème du pays, menacée par la prospection de diamants
En Angola, un pays en pleine reconstruction après une longue guerre civile, les défenseurs de l'environnement craignent que l'essor de la prospection de diamants condamne définitivement l'emblème national, une antilope géante déjà en voie d'extinction. «L'hippotrague noir géant est dans une situation très difficile, ce qui signifie que toute implantation d'une activité économique, comme il en est question avec les diamants, pourrait provoquer l'irréparable», met en garde Pedro Vaz Pinto, le responsable du projet de protection de l'animal.Symbole de l'Angola, l'hippotrague noir géant (Hippotragus Niger, appelé sur place palanca negra) est une antilope endémique du pays, reconnaissable à ses deux longues cornes courbées. Il figure notamment sur le logo de la compagnie aérienne nationale, TAAG. L'équipe nationale de football s'appelle les Palancas Negras. Vivant dans la région de Malanje, à 400 km à l'est de Luanda, cette espèce compte actuellement moins d'une centaine de membres, répartis entre le Parc national de Cangandala et, pour la plus grande partie, la réserve naturelle de Luando. «Depuis la fin de la guerre civile dans le pays, le nombre de palancas, environ 2000 en 1970, n'a cessé de chuter à cause du développement croissant du braconnage», explique la biologiste Sendi Baptista. «Et récemment nous avons eu connaissance de plusieurs projets de prospection de diamants, précisément dans la réserve, et alors même que la loi l'interdit», souligne Vladimir Russo, le directeur de la fondation Kissama qui gère le projet Palanca en partenariat avec le ministère de l'Environnement. Sorti dévasté par 27 ans de guerre civile en 2002, l'Angola a entamé une reconstruction éclair de ses infrastructures, financée par ses abondantes ressources pétrolières et minières. Deuxième producteur d'or noir du continent africain, le pays est aussi le cinquième exportateur mondial de diamants et compte bien développer fortement ce secteur ces prochaines années pour diversifier son économie. «Ces activités diamantifères vont attirer des populations dans la région et accroître davantage le braconnage, ce qui met en grand danger les quelques animaux restants», avance Vladimir Russo, dénonçant l'absence d'action claire de la part des pouvoirs publics. Pourtant les ministères des Mines et de l'Environnement ont organisé plusieurs réunions pour résoudre le problème et la société nationale d'exploitation des diamants, Endiama, a rappelé son attachement indéfectible au symbole national.