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Migrants somaliens dans un bteau de la marine maltaise, juillet 2013 / Reuters
Migrants somaliens dans un bteau de la marine maltaise, juillet 2013 / Reuters

Immigration: le business indigne des embarcations de fortune

La part de responsabilités des pays du Maghreb dans les naufrages en Méditerranée ne peut être ignorée.

La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, vient de demander à la Tunisie et à la Libye de faire cesser «le business indigne des embarcations de fortune».

Cette sortie intervient après les drames meurtriers au large de Lampedusa et Malte, qui ont fait plus de 300 morts. Elle est somme toute compréhensible, car la part de responsabilité de ces deux nations dans ces tragédies est énorme.

Rappelons que c’est dans ces pays que de nombreux migrants achètent le passeport de la mort pour embarquer dans des bateaux de fortune qui n’offrent aucune garantie de sécurité. Si, en matière d’immigration, on peut reprocher beaucoup de choses à la Tunisie et à la Libye, on n’en dira sans doute pas de même pour le Maroc.

Un pas en avant

Ce pays, qui faisait l’objet de critiques pour ses nombreux actes racistes contre les migrants, a décidé de redorer son blason en adoptant une nouvelle politique migratoire.

Annoncée en septembre dernier par le roi Mohamed VI, cette nouvelle loi vise à donner aux migrants, des garanties juridiques. Elle permettra aux migrants d’avoir accès aux appartements, à l’éducation, etc. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Royaume chérifien a fait un grand pas en avant en matière de lutte contre l’immigration clandestine.

A travers cette nouvelle vision, elle donne des pistes de solutions pour un traitement plus digne des migrants. La régularisation de 850 personnes reconnues «réfugiées politiques» par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et qui, jusque-là, ne pouvaient travailler ni avoir de carte de résident permanent, est aussi un élément important à saluer.

En tout cas, le Maroc fait preuve de bonne volonté; et si les autres pays riverains africains de la Méditerranée en faisaient autant, on assisterait certainement à moins de naufrages de bateaux de migrants clandestins.

A dire vrai, c’est un signe d’espoir pour de nombreux candidats à l’immigration. Pourvu que le Maroc aille jusqu’au bout de sa politique et que cette initiative ne soit pas un simple effet d’annonce!

De fait, on se pose la question de savoir si le Maroc aura les moyens suffisants pour mettre toutes les mesures annoncées en application. Le hic c’est que s’il y parvient, il sera une destination beaucoup prisée par les migrants. Le Maroc risquerait alors de devenir le nouvel Eldorado pour de nombreux migrants à cause de cet assouplissement annoncé de ses lois migratoires.

Egoïsmes

Si le Maroc a décidé de rendre agréable, plus humain, le séjour des migrants clandestins sur son sol, qu’en est-il des textes relatifs à la gestion de l’enclave de Ceuta et de Mélilla?

On sait que c’est par cette enclave que beaucoup de migrants essaient de rejoindre l’Italie et l’Espagne. Pour rester logique, il serait judicieux que le Maroc essaie aussi d’assouplir les textes à ce niveau. Mais, d’ores et déjà, l’on peut le féliciter pour le bon exemple qu’il donne.

Pour humaniser davantage l’immigration clandestine, l’Occident doit aussi se montrer plus solidaire et humain. Des dispositifs comme le Frontex (agence de surveillance des frontières européennes), dont le but est d’empêcher les migrants d’atteindre l’Europe, doivent purement et simplement disparaître pour donner naissance à des structures qui prônent la solidarité, la tolérance et le respect de la vie humaine.

Mais il faut aussi souligner la grande part de responsabilité des dirigeants africains dans les naufrages à répétition. Le manque de politiques de développement cohérentes et le peu de considération à l’égard de leurs peuples sont autant de raisons qui expliquent cette périlleuse fuite des Africains vers l’Europe.

On a comme l’impression que les dirigeants du continent œuvrent plus pour leurs propres intérêts que pour le bien-être de leurs peuples. En témoigne leur attitude au sommet extraordinaire de l’Union africaine, tenu à Addis-Abeba le 12 octobre dernier.

Plutôt que de consacrer l’essentiel de leurs travaux aux victimes de Lampedusa, les dirigeants africains ont préféré se préoccuper de leur avenir, voire de leur sort, en tirant à boulets rouges sur la Cour pénale internationale, au grand dam de leurs peuples.

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