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Simone Gbagbo, Abidjan, mars 2011 / AFP
Simone Gbagbo, Abidjan, mars 2011 / AFP

Non-transfèrement de Simone Gbagbo à la CPI: une opération politique

La décision des autorités de ne pas transférer l’épouse de Laurent Gbagbo à la Haye est une décision purement politique.

Les autorités ivoiriennes ont refusé de transférer Simone Gbagbo, l’ex-première dame de la Côte d’Ivoire, à la Haye comme la Cour pénale internationale (CPI) le recommandait. Ainsi donc, Simone Gbagbo sera jugée en Côte d’Ivoire et non à la Haye. Cette décision, de haute portée humaine, est à saluer à sa juste valeur. Et le camp de Laurent Gbagbo l’a accueillie favorablement. Cette décision a le mérite de participer à la décrispation du climat sociopolitique pour le moins tendu.

Pour le reste, elle est loin d’être innocente. Car, au-delà du geste d’apaisement, les autorités ivoiriennes semblent vouloir éviter d’ouvrir la boîte de Pandore. Envoyer, en effet, Simone Gbagbo à la Haye afin qu’elle y soit jugée, supposerait que, du côté de Ouattara, il en fasse autant en transférant certains de ses proches dans le collimateur de la CPI. Le pouvoir de Ouattara ne prendrait pas le risque de s’auto-flageller. Il estime aujourd’hui que les juridictions ivoiriennes sont compétentes pour juger l’ex-première dame, par purs calculs politiques.

Calculs politiques

En effet, en optant de juger l’ex-première dame en Côte d’Ivoire, les autorités ivoiriennes pourraient faire valoir demain, l’argument selon lequel les mêmes juridictions qui ont jugé Simone Gbagbo, sont en mesure de juger les pro-Ouattara.

Reste que le pouvoir ivoirien prend de gros risques. Quelle pourrait être, en effet, la réaction des pro-Gbabgo si un verdict rendu sur le territoire ivoirien, à l’issue du procès de Mme Gbagbo, lui était défavorable? 

Soulignons, sur un tout autre registre, que l’éthique africaine ne voit pas d’un très bon œil qu’on s’acharne sur la femme, après avoir vaincu le mari. Alassane Dramane Ouattara éprouve sans doute une certaine gêne à transférer la femme, après avoir livré le mari, en dépit des crimes que l’on reproche à celle-ci. 

Si, pour le pouvoir ivoirien, ce geste humain est à fortes visées politiques, l’opposition non plus, ne se prive manifestement pas d’exploiter à fond cette situation. On ne peut donc s’étonner que le FPI (Front populaire ivoirien) se montre toujours insatisfait, malgré le geste de mansuétude et d’humanisme des autorités ivoiriennes. 
Cela dit, le parti de Gbagbo devrait comprendre que ce geste du pouvoir de Ouattara vise à l’inclure dans le processus de réconciliation.

Pari de la paix sociale

Les Ivoiriens n’ont pas intérêt à continuer à se regarder en chiens de faïence. On peut, en cela, saluer la tenue prochaine du dialogue inclusif auquel les dirigeants du FPI sont appelés à participer avec l’ex-Premier ministre ivoirien, Ahousso Jeannot, mardi 24 septembre.

On constate malheureusement que les autorités ivoiriennes donnent toujours l’occasion de se faire fouetter par le parti de Gbagbo. C’est qu’elles lui en donnent les verges. 
Pour rabattre définitivement le caquet à l’aile dure du FPI, il faut que le président Ouattara prenne une décision courageuse en livrant à la CPI ses proches sur lesquels pèsent des charges (crime contre l’humanité pendant la crise postélectorale).

Le président Ouattara doit se résoudre à faire le ménage dans son camp car, tant que ce seront les proches de l’ex-président qui seront appelés à répondre devant les juridictions, le pari de la paix sociale pour laquelle il œuvre tant, sera difficile à tenir.

Le Pays

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