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Mopti : Transport de viande, un casse-tête sanitaire
Dans la commune urbaine de Mopti le transport de la viande de l'abattoir aux différents points de vente demeure un vrai casse-tête. Les règles d'hygiène sont superbement ignorées par les bouchers, et cela au grand dam des consommateurs de la Venise malienne. Le l'abattoir de la localité ne disposant pas de moyens logistiques adéquats, les bouchers sont contraints d'acheminer les carcasses de viande vers les points de vente sur des motos, parfois dans des véhicules de transport, faisant quelquefois office d'ambulances ou de corbillards. Pourtant dans le souci de permettre à nos compatriotes de manger sain, des aires d'abattage ont été aménagées dans les grandes agglomérations. C'est dans cet esprit que l'abattoir de Mopti a été créé en 1994 par l'Opération de développement de l'élevage au Mali (ODEM) d'alors. Il sera successivement géré par une cellule de coordination du projet d'élevage, ensuite l'OMBEVI avec une administration provisoire avant d'être privatisé en 2008. Depuis la concession, la gestion et de l'exploitation sont revenues à la Société : « Body Distribution ». Ce prestataire de services perçoit une taxe d'abattage de 3.300 Fcfa sur chaque bovin et 530 F sur chaque caprin et ovin. Mais cette société n'arrive pas à assurer le transport de la viande dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire. Avant la privatisation de l'abattoir, toutes les structures qui avaient en charge la gestion de ce service étaient dotées de moyens adéquats pour assurer le ravitaillement des points de vente. Les derniers chiffres attestent cette tendance. En 2012, les réalisations d'abattage ont porté sur 11.475 bovins, 1.898 ovins, 5.242 caprins et 166 camelins. De janvier à août 2013 elles ont été de 4.091 bovins, 1.144 ovins et 4.067 caprins. Selon le chef secteur vétérinaire de Mopti, Daouda Kouyaté, le contrôle sanitaire de la viande a régulièrement eu lieu. Il faut rappeler que lors d'inspections de routine, des services vétérinaires ont saisi des carcasses de viande déclarées impropres à la consommation. Ces viandes présenteraient des risques sanitaires pour les consommateurs de la région. A titre d'exemple, un bovin de 180 kg a été saisi dans l'air d'abattage pour les risques d'infection au bacille tuberculeux qu'il représentait. Les saisies partielles pour cause de tuberculose ou autres risques pour la santé des consommateurs ont porté sur des organes d'animaux, notamment 557 poumons et 117 foies de bovins, 650 poumons et 104 foies de caprins et ovins. Par ailleurs, les équipes de répression de l'abattage clandestin ont effectué 23 sorties sur le terrain en 2013. Ces descentes, ont permis aussi de saisir 208 kg de viande de bovin, 69 kg de viande d'ovin et 74 kg de viande de caprin. Ces efforts sont salués mais il reste encore d'énormes défis à relever pour assurer la sécurité sanitaire des consommateurs. Le président de l'Association des bouchers, Asseye Touré, fustige la gestion de « Body distribution ». Depuis le transfert de la gestion de l'abattoir à cette société, les bouchés connaissent de réelles difficultés. L'abattoir manque de tout. Les problèmes sont multiples et variés. Ils ont trait à l'insuffisance des robinets pour pompage du sang, de parcs d'attente, de la main d'½uvre et au manque de scies, entre autres a expliqué le président des bouchers de Mopti. Pour Asseye Touré, ne démord pas contre les difficultés dans le transport de la viande qui relève de l'abattoir. Nonobstant une augmentation de la taxe d'abattage aucune solution n'a pu être trouvée. Notre interlocuteur a aussi souligné que le Programme de compétitivité et de diversification agricole (PCDA) avait octroyé deux motos-fourgon pour assurer l'acheminement de la viande vers les points de vente. Ces deux engins n'ont jamais été fonctionnels a-t-il indiqué. Moussa Tamboura est le gestionnaire du l'abattoir de Mopti. Il a précisé que sa structure est confrontée à des difficultés majeures comme la baisse drastique du nombre d'abattage. Ce nombre oscille en moyenne entre 20 têtes de bovins, 10 à 15 têtes d'ovins et caprins par jour. A en croire ce responsable de l'abattoir, cette situation est résulte de l'abattage clandestin. Il a aussi laissé entendre que la société Body Distribution joue son rôle qui est l'abattage et le dépouillement de la carcasse. En outre il a révélé que le concessionnaire, Samba Yattassaye a sollicité le PCDA pour l'acquisition des deux motos-fourgon pour faciliter le transport de la viande. Cette alternative a été malheureusement rejetée par les bouchers a conclu le gestionnaire de Body Distribution. Le service vétérinaire de la région, en charge de la surveillance sanitaire de la viande, se démène pour répondre aux préoccupations des consommateurs, celles de disposer de la viande saine. Mais ce service enregistre des difficultés réelles, notamment l'insuffisance des ressources humaines et matérielles et de moyens logistiques entre autres. Le chef de poste vétérinaire, Daouda Diabaté explique que la baisse au niveau de l'abattage est très peu liée aux abattages clandestins. Elle est plutôt imputable en grande partie au pouvoir d'achat des bouchers qui n'ont plus les moyens d'égorger à leur propre compte. Il a par ailleurs souligné la nécessité d'une synergie d'actions des acteurs de la filière viande, des autorités sanitaires, des collectivités, des forces de sécurité et de la population pour éviter que la manipulation de la viande ne soit source de maladies pour les consommateurs. En attendant une solution idoine la population de la commune urbaine de Mopti doit prendre son mal en patience.
D. COULIBALY AMAP-Mopti
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Ténenkou : Vaccination gratuite du bétail
C'est tout un prestige, un symbole chez un peul, l'élevage. À Ténenkou il constitue la principale source de richesse du cercle. Une importante couche de la population du cercle tire l'essentiel de ses revenus de ce créneau. Le cheptel du cercle est assez important. Selon le chef de service vétérinaire de Ténenkou, Konon Tomoda, l'effectif du cheptel actuel du cercle s'évalue à près à 400 000 têtes (bovins, ovins, caprins, arsins, équins, camelins, volailles). Ténenkou de part sa position géographique (zone de riz et de pâturage par excellence), sert de trait d'union entre le nord et Sud et entre le Mali et le Burkina Faso voisin. Cet élevage intensif est surtout marqué par une transhumance qui est un mouvement cyclique des bêtes en quête de pâturages. Dans le Macina, elle existe depuis les temps immémoriaux et fut réglementée vers les années 1881 par le roi du Macina, Sékou Amadou Barry. Actuellement cette transhumance, est confronté à de nombreux problèmes comme la propagation de maladies bovines. Il y a aussi la secheresse qui des impacts négatifs sur la santé des animaux. A cela s'ajoute la surcharge des pâturages. La situation s'est empirée par l'occupation l'année dernière jusqu'en début 2013 par des rebelles, des 2/3 du pays, y compris une partie de Mopti et de Ségou dont les zones de transhumance. Le service vétérinaire local de Ténenkou à travers la Direction régionale des services vétérinaires de Mopti, avec l'appui du CICR (Comité International de la Croix-Rouge), a organisé pendant un mois du 1er au 31 juillet 2013, une campagne spéciale de vaccination gratuite des animaux dans le cercle de Ténenkou. Sur le terrain, en ciblant les zones de concentration des bêtes, l'opération a été réalisée par les 3 agents du secteur du service vétérinaire et des mandataires de Ténenkou à travers une trentaine de parcs de vaccination. Selon le chef de service de secteur Konon Tomoda, la couverture sanitaire est acceptable cette année. Pour cette campagne spéciale, les animaux ont été vaccinés contre la péripneumonie contagieuse bovine, le charbon symptomatique la pasteurellose bovine, ovine, caprine, la peste des petits ruminants entre autres. Cette campagne gratuite, dite spéciale, a eu du succès, une opération d'urgence pour aider les éleveurs en détresse. Elle intervient au moment où il y a une forte concentration des animaux du secteur et les transhumants des régions et pays voisins. Elle fait suite à la demande du ministre de l'élevage et de la pêche en visite en 5ième région de la Direction régionale des services vétérinaires de Mopti après qu'elle ait organisé avec l'appui du CICR en février, mars, avril, mai 2013 la campagne ordinaire de vaccination du cheptel de la région où les animaux des cercles de Ténenkou, Youvarou, Douentza n'ont pu bénéficier en raison d'insécurité. Le CICR en appui à la Direction régionale des services vétérinaires a procédé à des dons de kits de produits vétérinaires (des déparasitants internes et externes, des antibiotiques), au ravitaillements gratuits du tourteau (aliment bétail) et de la viande fraîche dans un service de déstockage des animaux à travers le cercle de Ténenko, etc. La viande de bovins ovins, caprins a été distribuée gratuitement dans plusieurs communes de Ténenkou. Dans la commune urbaine de Ténenkou, 30 bovins et 100 caprins ont été abattus dont la viande a été distribuée gratuitement à raison de 2,5 à 5 kg entre 2000 bénéficiaires dont les malades hospitalisés dans le cadre d'un programme de déstockjage. Le directeur régional des services vétérinaires de Mopti, le Dr Modibo Kouyaté, vétérinaire, ingénieur d'élevage, l'entrepreneur de ce programme de déstockage des animaux de la région, lors de sa 3ème visite de terrain en espace à Ténenkou d'un mois pour superviser toutes ces différentes activités humanitaires, n'a pas caché sa satisfaction. Il a remercié au nom des bénéficiaires et du Gouvernement, le CICR pour son geste de solidarité en appui aux services vétérinaires à aider la population éleveur, a insisté après le chef secteur sur la vaccination systématique des animaux dans les campagnes de routine au retour de la transhumance des animaux chaque année. Il signale que les troupeaux en déplacement sont obligatoirement placés sous la surveillance d'un gardien tenu cependant de présenter à toute réquisition, les documents administratifs et les papiers zootechniques et zoo sanitaires conformément aux textes en vigueur. Ces activités de Ténenkou constituent des efforts d'appui au monde éleveur à la résilience aux crises socio économiques après les chocs de la guerre. Avec l'accompagnement du CICR, c'est une avancée vers l'amélioration de condition de vie des pasteurs, de l'état de santé des animaux du secteur. Mais pour promouvoir l'élevage, pour un élevage durable, il reste beaucoup à faire. A Ténenkou les services sanitaires travaillent avec des moyens réduits pour donner des soins au bétail, les éleveurs avec la sécheresse et cette crise, sont devenus sinistrés, d'autres ont tout perdu. La transhumance, le principal mode d'élevage du cercle est en crise. De peur, du banditisme qui continue dans la zone, les animaux cette année ne sont pas allés loin dans la transhumance. Ils sont restés aux abords des champs de céréales.
M. Dembélé AMAP-Ténenkou