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Les militaires égyptiens et la malédiction de la dictature
L'armée fait la chasse à tous les opposants, sans distinction entre laïcs et islamistes.
La répression s’intensifie en Egypte. Le nouveau régime ordonne des arrestations autant parmi les Frères musulmans que les opposants au gouvernement militaire.
Les activistes qui ont œuvré à la révolution de 2011 craignent que la vague de répression envers les islamistes ne s’abatte également sur eux, rapporte The Guardian. Le quotidien britannique fait savoir que l’un d’entre eux, l’avocat Haitham Mohamedein, a été arrêté et mené au tribunal de police le vendredi 6 septembre, accusé de vouloir faire tomber le gouvernement. Il a finalement été relâché et les charges contre lui abandonnées.
L’autoritarisme grandissant du nouveau gouvernement s’illustre aussi dans l’arrestation du journaliste Ahmed Abu Draa, après ses critiques du comportement de l’armée dans le Sinaï, ajoute l’article.
Laïcs et islamistes, tous dans le même panier
D’après une information publiée dans un journal d’Etat égyptien, puis démentie par les autorités, 35 autres activistes laïcs feraient actuellement l’objet d’une investigation poussée. Selon le journaliste Wael Abbas interrogé par The Guardian, il s’agirait d’une fuite volontaire. D’après lui, ce «ballon d’essai» permettrait de juger si l’opinion publique serait favorable à un élargissement de la campagne de répression non plus aux seuls islamistes mais à tous les dissidents du régime militaire, explique le journal.
Le quotidien apporte une autre preuve de cette volonté de confondre dans un même ensemble tous les opposants au nouveau gouvernement, islamistes comme laïcs: lors de son audience, Mohamedein s’est vu questionner sur une possible appartenance aux Frères musulmans —alors qu’il est connu pour s’être opposé au régime de Morsi, rappelle l’article.
Tarek Shalaby, un collègue de Mohamedein au sein des Socialistes révolutionnaires, sollicité par le journal, compare le climat actuel de l’Egypte à celui du maccarthysme et de la chasse aux sorcières des années 1950 aux Etats-Unis.
En effet, résume The Guardian, plusieurs éléments témoignent de cette ambiance répressive. Des personnages officiels de l’ère Moubarak sont réhabilités et reviennent en politique, les forces de police n’hésitent pas à employer la manière forte pour maintenir l’ordre et le jugement des Frères musulmans passe par des procès militaires expéditifs, énumère l’article.
Brutalités policières, persécution des journalistes ou des activistes politiques… Le nouveau gouvernement ne fait que perpétuer les exactions qui ont marqué les présidences de Moubarak et de Morsi. Rien de nouveau sous le soleil, déplore le journal.
Lu sur The Guardian