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Tunisie : Histoire d’une transition bloquée
Par Chiheb Boughdir
Les événements en cours en Tunisie nous livrent une leçon fatidique de l'histoire, celle de la transition toujours douloureuse de l’ordre ancien à l’ordre nouveau, lorsque le nouveau chasse l'ancien encore puissant par l’argent,les médias, l’administration et ses réseaux d’influence mais vétuste dans les perspectives politiques qui se précisent. La Tunisie est à une phase transitoire et les nantis et privilégiés ne peuvent l'admettre sans coup férir, sans tenter par tous les moyens, de bloquer le fleuve de l'histoire.
Le fait est si fort, si douloureux pour l'ancien régime et ses fiefs astreints de plus en plus à une influence amenuisée et menacée, que, sans s'en rendre compte, les agitations de ce mastodante décadent, démasquent précisément l'incertitude d'une ancienne puissance tyrannique qui doit montrer les dents, sa force en menaçant tous pour les convaincre de sa prépondérance. « La force est tranquille » disait Mitterrand; en effet, seuls les fauves blessés ou vieillissants, de toute façon en cours de déclassement, ont constamment besoin de montrer leurs crocs pour rappeler et tenter de prouver qu'ils sont encore fauves...
La rage d'une contrerévolution qui fait trépigner les rcédéistes et leurs alliés serviles, dévoile la fin d'un moment de l'histoire.
Les laïus outragés des maquignons et maquisards de l’ancien système, déclarant avec une mignardise belliciste quasi puérile à ce niveau des choses que la Tunisie est la leur, qu’elle leur appartient et que rien ne se fera sans eux… nous amène donc à cette sorte de frénésie de ne pas perdre pied dans ce que le vieux despotisme croyait à jamais sien malgré la chute de la plupart de ses illusions .
Aujourd'hui, hélas, le peuple tunisien fait les frais de l'agressivité des tenants de l'ordre finissant se battant contre l'avènement des nouvelles pièces du puzzle politique et multipolaire se constituant.
Ennahdha, l’ANC et tout le toutim ne sont que des pions sur l'échiquier du choc hégémonique. Et, même s'ils savent que les manipulations ne changeront rien, quant à l'irréversibilité du renversement de l'ordre ancien,ces affidés, trop blessés en leur orgueil continueront de foutre le chaos partout selon leur bile fielleuse de classe politique déclassée qui refuse le statut de simple sensibilité politique parmi d'autres.
Les partis constituant l’axe rcédéiste-destourien auront beau s’agiter dans tous les sens, leur hégémonie, elle, est morte. Ce temps-là est révolu. Ni la gauche républicaine,démocrate et laïque,ni le centre ni les islamistes, ni les jeunes révolutionnaires ne permettront la mainmise destourienne sur l'État,quitte à provoquer un crash à étendue imprévisible…Le compromis, si nécessaire dans une phase aussi délicate de l’histoire du pays nécessite un socle commun de valeurs, une éthique politique, une bonne volonté commune et un souci commun de préserver la révolution, ses acquis encore fragiles et son élan démocratique fondé sur les principes de citoyenneté, de dignité, de justice sociale et d’équité.La promotion d’une vraie culture démocratique dépouillée des haines idéologiques sournoises, délétères,archaïques et désuètes est à même de reléguer toutes les forces réactionnaires au rang de comparses insignifiantes…L’ouverture d’esprit et la vigilance sont nécessaires afin que notre expérience audacieuse, téméraire et singulière malgré ses nombreux couacs et pétarades…aboutisse et conduise vers l’instauration d’une vraie citoyenneté plurielle, intelligente, riche de sa diversité et surtout libérée et définitivement de toute forme de tutorat politique et idéologique
DIDI