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Des frappes aériennes contre la Syrie pourraient avoir lieu dès jeudi 29 août, annonce mardi la chaine américaine NBC News, se référant à une source au sein de l’administration des Etats-Unis.
Toujours selon cette source, les frappes pourraient durer trois jours, être limitées, et destinées à envoyer un message explicite au régime du président syrien Bachar el-Assad.
Les anglais précisent
Une opération militaire en Syrie doit être limitée pour éviter une guerre d’envergure, a estimé mardi le premier ministre britannique David Cameron, cité par les médias.
« Cela (opération militaire, ndlr) ne signifie pas que la Grande-Bretagne doit s’engager dans une guerre au Proche-Orient (...) ou s’impliquer dans le conflit syrien (...). Les attaques chimiques sont absolument et totalement odieuses (...). Elles exigent une réaction de la communauté internationale », a déclaré le chef du gouvernement.
Et d’ajouter qu’il n’y avait pas encore de décision définitive sur une intervention militaire en Syrie.
Israël ripostera
Israël n’a pas l’intention de s’impliquer dans le conflit syrien, mais il ripostera fermement à toute action agressive de Damas, a déclaré mardi le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu.
« Israël est prêt à tout scénario. Nous ne participons pas à la guerre civile en Syrie, mais à la moindre tentative de nous agresser, nous riposterons en utilisant toute notre puissance de frappe », a indiqué le premier ministre.
Les dirigeants israéliens déclarent ouvertement qu’ils sont prêts à recourir à la force pour empêcher les groupes radicaux – qu’ils soient fidèles ou hostiles au président Assad – de profiter du chaos de la guerre civile pour obtenir des gaz de combat, des systèmes antiaériens ou des missiles provenant des arsenaux de l’armée syrienne.
Et l’Iran ?
Si les Etats-Unis se décident à lancer une opération terrestre en Syrie, l’Iran ne se limitera sans doute pas par une assistance économique à Damas, a estimé mardi Vladimir Evseïev, directeur du Centre d’études sociales et politiques (Moscou).
« Qu’arrivera-t-il si une ou quelques frappes sont portées contre la Syrie? Je ne pense pas que dans un tel cas l’Iran introduise une unité du Corps des gardes de la révolution islamique sur le territoire syrien. Mais s’il s’agit d’une opération terrestre, l’implication de l’Iran pourrait être beaucoup plus grave », a déclaré l’expert lors d’une conférence de presse à RIA Novosti.
Et d’ajouter que Washington créait un nouveau problème, en contribuant à l’implication active de Téhéran dans la crise syrienne qui cesserait alors d’être un conflit entre les coalitions en Syrie.
L’Egypte pour une solution pacifique
L’Egypte soutient la révolution en Syrie, mais s’oppose à une intervention militaire dans ce pays et insiste sur le règlement politique du conflit, a déclaré mardi le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Fahmi.
« Il ne peut pas y avoir de solution militaire au conflit syrien. Le règlement politique constitue la seule voie à suivre », a indiqué M. Fahmi cité par le site d’information Al-Masry Al-Youm.
Le ministre a également souligné que Le Caire préférait « une solution politique issue de la conférence Genève 2″.
« Il est indispensable de parvenir à une entente. Il faut trouver une solution politique. Sinon le nombre de victimes humaines ne cessera d’augmenter », a affirmé le chef de la diplomatie égyptienne.
Les conséquences imprévisibles
En cas d'intervention armée contre Damas, les militaires russes et américains pourraient être entraînés dans une confrontation au Moyen-Orient. Mais l’affaire n’ira probablement pas jusqu’à une confrontation armée. Coïncidence ou pas, Moscou a retiré son groupe naval de la Méditerranée.
Il y a seulement six mois, la Russie avait pourtant annoncé que les navires russes resteraient en permanence dans cette région afin de protéger les intérêts géopolitiques du pays. En juillet 2013, des navires russes avaient rejoint leur base dans la flotte du Nord et de la mer Baltique.
Et le vaisseau amiral de la flotte de la mer Noire, le croiseur Moscou et ses navires logistiques est actuellement aux larges de l’Amérique latine.
Pendant ce temps les Etats-Unis augmentent significativement leur présence navale dans l’éventuelle zone de conflit. Le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, qui a annoncé que le Pentagone était prêt à intervenir en Syrie, a refusé d’entrer dans le détail des scénarios envisageables. Le groupe aéronaval sous le commandement du porte-avions Nimitz, stationné à proximité de l’éventuel théâtre des opérations, sera prochainement rejoint par le porte-avions Harry S. Truman accompagné de deux croiseurs lance-missiles et deux destroyers. Le destroyer Mahan, dont le mandat dans la région a pris fin, ne rentrera pas à sa base et restera dans la zone.
La concentration des forces navales américaines en Méditerranée et l'éventuel renfort des navires français et britanniques montrent qu'un scénario militaire « lybien » se prépare. L’instauration d’une zone d’exclusion aérienne dans la zone de conflit, exigée par l’Onu, s’était transformée en bombardements des sites où le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi était susceptible de se cacher. Et l’aide humanitaire au profit de l’opposition était en réalité une fourniture d’armes aux rebelles. Le président Barack Obama semble être prêt à lancer une opération en Syrie après une simple approbation formelle de l’Onu.
Il se pourrait que la marine russe apporte son soutien à la Syrie. Evidemment, elle ne s’impliquera pas dans les opérations militaires mais un soutien militaro-technique et moral est probable. Il est à espérer que l’absence de navires russes en Méditerranée soit un phénomène temporaire.
Selon les informations officielles, Moscou a réussi à armer les forces syriennes de systèmes modernes de défense antiaérienne à courte et moyenne portée. Leur utilisation provoquerait des pertes dans le camp des Américains et leurs alliés en cas d’attaque aérienne contre la Syrie.
Les activités militaires pourraient également se propager dans les pays voisins, y compris Israël. « Les conséquences des attaques seraient imprévisibles », avertit le ministère russe des Affaires étrangères. Evidemment, cela aurait un impact négatif sur les relations militaires entre la Russie et les USA et d’autres pays de l’Otan.