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Tunisie : Le consensus …
Par Chiheb Boughedir
Une telle entreprise de lissage (Ghannouchienne) peut trouver sa justification dans le désir louable de voir tout débat se clore par une poignée de mains (Ennahdha & Nidaa) cordiale entre les adversaires réconciliés plutôt qu’en empoignade vociférante ou l’humiliation affligeante d’un vaincu, quand bien même rien au fond n’aurait été tiré au clair et que cette scène finale s’apparenterait à un pur et simple simulacre d’accord…Auquel cas, nous faisons en sorte de valoriser les arguments faibles de l’un et de tempérer la force de conviction de l’autre, nous tentons de réduire si ce n’est de nier les désaccords profonds des interlocuteurs en présence, nous feignons d’aligner sur un pied d’égalité des instances effectivement très déséquilibrées….
Mais un tel consensus sous couvert de tact, de bienveillance psychologique, des vertus de la diplomatie, mu par le sentiment humain premier de compassion envers celui qui aurait à capituler,ne tardera pas à s’exposer à certaines critiques sévères .
Effectivement, la principale valeur, qui s’érige au sein même du processus évoqué, revient à soutenir au moins implicitement qu’au fond tout peut bien se valoir et qu’il n’est pas bon de fustiger l’un au profit de l’autre ( Islamisme & Rcédéisme exotiquement destourien ). Chacun pouvant penser et dire ce que bon lui semble selon son point de vue respectable au même titre que celui de l’autre qui lui oppose ses vues contraires ou opposées….Ce qui constitue -mine de rien !- une grave entrave à l’exercice du jugement intelligent et aussi un obstacle à toute tension sincère vers plus de vérité. Car il n’est pas juste de dire qu’il y a équivalence de force des positions respectives des interlocuteurs quand tel n’est pas le cas. Et s’il est vrai que tous les points de vue ont le droit de s’exprimer et toutes les opinions le droit d’être formées, il n’est pas juste en revanche de faire comme si tout cela était dans une équivalence qualitative aux yeux de l’intelligence. Faire ce jeu pitoyable afin précisément de « ménager la chèvre et le chou » revient à neutraliser toute initiative politique d’une part et même de s’exonérer de tout respect authentique des adversaires (tous les autres courants politiques) en présence d’autre part.
*Compromis, réalisme et pragmatisme!
Le réalisme, en politique, peut avoir deux voies possibles, une de toute bassesse, parce que mesquine, vilement opportuniste, et une de mollesse, platement veule et suiviste.
Le réaliste mesquin (rcédéiste) est celui qui, ne croyant ni en l’idéologie ni en aucune valeur humaine, forge « pragmatiquement » ses fréquentations politiques selon un calcul froid et répugnant de ce qu'il saisit dans sa vilenie comme ses intérêts, sa réussite, au nom de quoi, il est prêt à utiliser tout et à se faire utiliser comme n'importe quoi.
Il lècherait le cul du chien de l'autre pour avoir un avantage, si cet autre est puissant. De même, il utilise avec arrogance et méchanceté, tout autre dont il profite, salement et cruellement, si cet autre est en faiblesse.
L'autre réaliste, c'est le veule suiviste qui mélange peur et ouverture à l'égard des autres. Dans sa naïveté mollement raisonnée, il voit l'autre et les situations du rapport à cet autre, comme ce qui moule son propre comportement toujours réagissant par absence de confiance et de dignité, dans une maladive incapacité d'être proactif. C'est l'homme flasque à qui l'on dicte ce qu'il fait et ce qu'il est ( Une majorité des politiques actuels de gauche comme de droite ). Ce politique s'adapte à tous au point de devenir un flou sans forme personnelle ( M.B.Jaâfar ,ANC et probablement MM…ainsi qu’une flopée d’idiots utiles ,vous comprenez ?), sans expression ni image propre. Le réaliste de cette catégorie, ne juge que sur les circonstances concrètes et cela le fourvoie dans une veulerie de perception d'autrui devenu son définisseur. Un politique de ce ressort est une sorte de miroir où tous ceux qu'il rencontre, défilent et où lui-même se métamorphose en une suite versatile d'images de ses fréquentations et relations qui l'effacent à force de se façonner selon la réalité, leur réalité qu'il s'impose, ignorant bêtement la sienne.
*Le consensus lucide:
Il y a un certain seuil d'ouverture suffisante, exigible dans les rapports politiques sains à autrui, et que c'est cette ouverture qui permet la vraie relation sans la faire s'altérer en hypocrisie ou en promiscuité. C'est le mode relationnel équilibré de ceux qui savent être humains avec les humains mais toujours sans rêvasserie sur les vertus des hommes politiques, sans haine irrationnelle ni méfiance injustifiée pour ou contre quiconque. Le compromis « décent » ne promet rien qu'il n'ait l'intention de donner et n'espère rien que la dignité de l'autre dans les limites de la relation définie.
Didi