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L'Angola, nouvel eldorado des Portugais
Ils avaient quitté l'Angola en 1974. La crise, le chômage et la récession les incitent aujourd’hui à partir du Portugal pour leur ancienne colonie, en quête d’un avenir plus florissant.
Des milliers de Portugais arrivent régulièrement en Angola, révèle IPS. Selon la revue Visao, ils seraient 30.000 à demander un visa de séjour chaque année. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie Portugal-Angola, Carlos Bayan Ferreira, estime que 100.000 Portugais vivent déjà dans ce pays en pleine mutation.
Jusque-là, le petit pays de la péninsule ibérique était une terre d’asile pour les migrants africains. Le phénomène «génération perdue», qui touche désormais le Portugal renverse les flux migratoires historiques.
Trouver un boulot, une mission devenue quasi impossible au Portugal. Mais l’espoir renaît pour les milliers de jeunes en partance pour Luanda, la capitale angolaise, comme Natalia Santos, une enseignante de 29 ans, originaire de Porto:
«Je n’abandonnerai pas. Je pars à l’étranger parce que je ne vais pas attendre que le Portugal m’apporte quoi que ce soit», explique la jeune femme.
En six ans et 362 candidatures, elle n’a pas encore déniché de contrat de plus de neuf mois. Et quel que soit le secteur d’activité, les témoignages comme le sien sont légion. Son pays compte 95.000 jeunes de 16 à 25 ans sans emploi et le taux de chômage national approche les 27%.
Que la main-d’œuvre portugaise s’exporte à travers le monde n’a rien de nouveau. Au sein de la diaspora traditionnelle (trois millions de personnes au total), beaucoup viennent du monde ouvrier ou rural. Désormais, ils sont jeunes et surtout bardés de diplômes:
«Un ingénieur qui gagne 900 euros par mois au Portugal peut se faire quatre fois plus en Angola», explique Antonio Bagal, un entrepreneur de 32 ans arrivé de Lisbonne il y a quelques années.
Car tout ce qui a déjà été fait au Portugal reste à réaliser en Angola:
«A l’heure actuelle, l’Angola se développe à toute allure et a besoin de gens qualifiés pour construire les infrastructures», ajoute l’entrepreneur.
Si l’économie angolaise a fortement ralenti depuis 2008 à cause de la crise économique mondiale, elle reste l'une des plus dynamique du continent. Sa croissance frôlait les 14% au cours de la dernière décennie. Sans oublier que le pays, qui a volé le titre au Nigeria en 2008, est désormais le premier producteur de pétrole en Afrique subsaharienne.
Et les affaires continuent: les banques y poussent comme des champignons, tandis que les géants du BTP multiplient les chantiers de construction, qu’il s’agisse de routes, d’hôtels ou d’immeubles. Les Portugais y sont les deuxièmes investisseurs étrangers, avec plus de 694.000 euros investis entre 2007 et 2010