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Nigeria - La coach des footballeuses en croisade contre l'homosexualité
Le coup d'envoi de la Coupe du monde de football féminin sera donné dimanche 26 juin 2011 en Allemagne, mais l'équipe nigériane fait déjà parler d'elle. Dans une interview au New York Times, Eucharia Uche, 38 ans, la première femme coach de l’histoire des Super Falcons, cloue au pilori l'orientation sexuelle de certaines joueuses:
«C’est un problème sale […] spirituellement, moralement très mauvais.»
Voilà comment Uche qualifie l’homosexualité de membres de son équipe. L'entraîneur a donc décidé de partir en croisade contre ce qu'elle estime être une «expérience angoissante», en faisant appel à des pasteurs pentecôtistes pour prier avec les joueuses et les conseiller:
«Nous avons besoin d’une intervention divine pour contrôler et juguler [cette pratique]. Je peux vous dire que ça a marché pour nous. Cela appartient désormais au passé. On n'y fait plus jamais allusion.»
La position de la coach, chrétienne, mariée et mère de deux enfants, suit celle menée par les dirigeants de l’équipe depuis plusieurs années. Selon The Sun News Online, James Peters, un ancien assistant technique de la Fédération nigériane de football (FNF) affirme avoir licencié certaines joueuses, «non pas parce qu’elles étaient de mauvaises joueuses, mais parce qu’elles étaient lesbiennes.» Le responsable média de la Fédération, Ademola Olajire, assure que «la FNF met en place des mesures pour s’assurer que celles qui ont affirmé qu'elles ne se laisseraient plus tenter par ces pratiques obscènes tiennent leurs promesses.»
La Fédération Internationale de Football Association (Fifa) se refuse à tout commentaire sur les propos d'Uche. Pourtant, une des missions que s'est donnée la Fifa est de servir du sport pour «surmonter les obstacles socioculturels dans le but ultime d’améliorer la condition des femmes dans la société.»
Un lointain horizon pour le Nigeria, où l'homosexualité est passible de la peine de mort dans les 12 Etats qui appliquent la loi islamique. Cet acharnement s’observe aussi à l’échelle du continent africain.
En Afrique du Sud, Eudy Simelane, une joueuse de l’équipe nationale et militante pour les droits des lesbiennes, a subi en 2008 un viol collectif avant d'être poignardée 25 fois à KwaThema. C’est aussi dans ce pays qu’existe la seule équipe de football africaine composée exclusivement de joueuses lesbiennes —au risque de leur vie— les Chosen Few.
Lu sur The New York Times, The Sun News Online