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Le féminisme islamique des Égyptiennes
Plus de 6 mois après la révolution qui a renversé l’ancien régime, les Égyptiennes entendent bien profiter des acquis de ce mouvement auquel elles ont participé activement.
Think Africa Press rapportait le 24 août le témoignage de ces femmes qui veulent prouver que féminisme peut rimer avec islam:
«Nous avons gagné la guerre entre le peuple et le gouvernement. Maintenant, nous avons besoin d'une guerre entre les hommes et les femmes», déclare Israa, 22 ans, symbole du nouveau féminisme égyptien.
Vêtue de jeans et portant le hijab, Israa est féministe, et fervente musulmane:
«En Europe on dit que l’islam ne reconnaît pas les droits des femmes. Le problème, c'est que les hommes ne prennent en compte que la moitié de ce que dit leur religion. Ils ont lu: "je peux épouser quatre femmes, et j’ai besoin d’avoir une barbe". Et ils oublient le reste. Dans le Coran, les femmes sont mentionnées 24 fois et les hommes 24 fois. Ils sont égaux», souligne-t-elle.
Pour s'affirmer, les femmes s’appuient sur l’expertise d’érudits musulmans, dont Amina Wadud Rifaat Hassan, qui aborde le féminisme sous un autre angle. «Il ne s’agit pas de promouvoir l’émancipation des femmes vis-à-vis de l’islam, mais de la réaliser à travers l’islam», note Think Africa Press.
Même si leurs idées ne sont pas acceptées par tous, ces femmes ont bien conscience de leur rôle dans les changements en cours au sein de la société égyptienne. Fatima, enseignante, estime que le problème n’est pas la religion mais bien la société, qui empêche les femmes d’avancer:
«Oui, ma religion me dit que je dois m’habiller modestement, que je dois baisser le regard, mais les hommes aussi. Ils ne font que nous rabaisser, mais eux sont libres; pourquoi? Nous devons nous informer sur ce que dit vraiment notre religion», affirme-t-elle.
Mais les défis restent nombreux pour ce mouvement féministe, l’un des premiers en Afrique du Nord. En plus d’intégrer tous les courants (laïcs et chrétiens), les féministes doivent convaincre les réticents, qui estiment qu'en Égypte, la société n’est pas encore prête.
Une bataille qui continuera d'être menée par Salma, une jeune élève de 14 ans. Elle résiste en effet aux injonctions de ses enseignants qui lui demandent de porter le foulard islamique.
«Mais je refuse. Ils essaient de me dire comment être une femme musulmane. Mais je sais aussi bien ce que veut dire être musulman!», lance-t-elle.
Lu sur Think Africa Press