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Comment font les allergiques au gluten pendant le ramadan?
Le ramadan est une période d'excès alimentaires, pas facile à gérer pour les personnes souffrant de maladie cœliaque.
Le ramadan, pendant la journée, c'est ceinture. Mais, le soir, c’est bombance. Lors du «ftour», les «chhiwates» (délices) s’invitent à la table des jeûneurs: des plats riches en graisses et en sucres, qui se dégustent dans une ambiance festive et conviviale.
Comment font alors les intolérants et allergiques au gluten pour profiter du ftour et surtout pour avoir une alimentation saine qui leur permette de tenir pendant les 29 ou 30 journées de jeûne?
Régime strict
Aussi connue sous le nom de maladie cœliaque, cette pathologie, qui implique une destruction inflammatoire de l'intestin, empêche le malade d'absorber correctement la protéine du gluten, provoquant carences alimentaires et autres complications sur l'ensemble de l'organisme (dépression nerveuse, douleurs articulaires, fausses couches, ou encore dermatite herpétiforme).
Au Maroc, cette maladie touche environ 1% de la population, soit 300.000 personnes. Cependant, ces statistiques sont sujettes à caution, car près de neuf malades sur dix ignorent leur état. L’Association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG) poursuit donc une campagne de sensibilisation en faveur des maladies cœliaques.
Pour l'instant, il n'existe pas de «remède miracle». En l’absence de traitement médicamenteux, la seule solution à l'heure actuelle reste la suppression radicale du gluten dans l'alimentation. Un régime difficile à tenir car cette protéine est présente dans la plupart des céréales (blé, orge, seigle...), dans beaucoup de produits laitiers et dans la majorité des denrées industrielles (pain, chocolat, biscuits...).
La secrétaire générale de l’AMIAG, Jamila Cherif, qui souffre elle-même de cette pathologie, évoque les restrictions d’un tel régime au quotidien. Manger au restaurant est proscrit, à cause du principe de «contamination continue»:
«Même sur des aliments normalement considérés comme sans danger, comme un steak au restaurant, il peut y avoir des épices coupées avec du gluten, qui peuvent rendre malade. Les médicaments peuvent aussi en contenir.»
En effet, le gluten est un excellent conservateur, qui est donc utilisé dans l’élaboration de la plupart des produits transformés. Dans ces conditions, explique Jamila Cherif, les aliments recommandés sont uniquement «naturels»: la viande, les fruits, les légumes…
Quant aux céréales autorisées, elles se comptent sur les doigts de la main: le riz et le maïs, faciles d’accès, mais aussi le sarrasin, le quinoa et le muesli, qui coûtent beaucoup plus cher. Transformées en farine, elles n’ont pas l’élasticité du gluten, mais peuvent servir à la confection de gâteaux et pâtisseries.
Un «ftour» sur mesure
Comme indiqué plus haut, le régime alimentaire est difficile à appliquer au quotidien. En période de ramadan, cela peut paraître encore plus périlleux: le «yo-yo alimentaire», entre jeûne strict la journée et festin le soir, peut avoir des répercussions sur l'organisme des personnes souffrant d'intolérance au gluten.
Au Maroc, l’AMIAG tente d’apporter des solutions. Suite à la première Journée nationale de la maladie cœliaque, le samedi 18 mai 2013, l’organisation poursuit son engagement avec un atelier culinaire placé sous le thème du «Ramadan sans gluten», samedi 29 juin à la Chambre d’artisanat de Casablanca.
Cet événement a permis aux adhérents d’échanger entre eux sur les difficultés soulevées par la maladie au quotidien et particulièrement pendant le ramadan. Une sélection de dix recettes traditionnelles sans gluten a été présentée, comme le chebakia, une pâtisserie à base d’amandes et de miel ou encore le sellou, un plat très copieux préparé avec du beurre, du sésame et diverses épices.
Une diététicienne conviée pour l’occasion a précisé les règles nutritives à respecter durant le mois de jeûne. D’après Jamila Cherif, il faut avant tout boire beaucoup d’eau, préparer ses repas soi-même pour éviter les risques de contamination et surtout écouter son corps: il ne faut pas hésiter à interrompre le jeûne, s’il devient trop difficile à gérer.
En effet, la santé ne doit pas être mise en péril par le ramadan, rappelle notre interlocutrice. Selon elle, les individus qui pourraient souffrir de ce régime temporaire sont exemptés de jeûner. Il est d’ailleurs conseillé de ne pas pratiquer le jeûne lors de la première année suivant le diagnostic, car les carences alimentaires peuvent être importantes à ce moment.
A l’inverse, lorsque les malades ont appris à maîtriser leur régime, le ramadan peut même aider à fortifier leur santé, affirme Jamila Cherif: cette période d’un mois constitue un véritable repos pour le système digestif, une sorte de «détox» bienvenue pour les personnes fragiles des intestins.
Anna Romani
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L'Explication remercie Madame Jamila Chérif, secrétaire générale de l'AMIAG
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