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Les transports en commun marocains sont-ils misogynes?

Des itinéraires interminables ou détournés de leur destination initiale, des tranches horaires limitées, de véritables saunas roulants, des frais trop élevés, une sécurité et une hygiène déplorables… Autant d’obstacles pour les utilisateurs des transports en commun marocains.

D'après un article publié le 18 août 2011 par le quotidien Aujourd’hui Le Maroc, la Banque mondiale aurait accordé un prêt de 100 millions d’euros (soit près de 1,12 milliard de dirhams) pour le développement du secteur des déplacements urbains au Maroc.

Dans le cadre d’un Plan d’action de la Banque mondiale pour la parité hommes-femmes (PDF) et de plusieurs études menées entre 2008 et 2010 à Casablanca, mais aussi en Cisjordanie et au Yémen, il apparaît que les transports en commun ans ces régions ne sont toujours pas adaptés aux besoins de la population… féminine.

Au Maroc, les premiers résultats de l’étude réalisée du 27 avril au 19 mai 2010 montrent que ces obstacles vont jusqu'à empêcher les femmes de gagner leur vie. A ce sujet, Jean-Charles Crochet, économiste des transports à la Banque mondiale et qui a conduit les études au Yémen et à Casablanca, a indiqué:

«Les femmes qui vivent dans les banlieues de Casablanca, à la croissance rapide, sont confrontées à des difficultés pour se rendre jusqu’aux usines textiles qui recrutent».

Depuis quelques années, les Marocaines travaillent de plus en plus à l'extérieur, tout en continuant à assumer leurs obligations familiales au sein du foyer.

«Nous voulons sensibiliser la population au fait que, dans le domaine des transports, hommes et femmes ne sont pas logés à la même enseigne», explique l'économiste.

Les femmes dépenseraient ainsi entre 15 et 20% de plus que les hommes pour se déplacer. Par ailleurs, certaines contraintes religieuses et culturelles dans plusieurs sous-régions marocaines dissuadent les femmes d'emprunter les transports en commun. Certaines préférant se déplacer à pied, risquant ainsi pour leur sécurité:

«L’étude montre que la population féminine souhaite travailler, mais que le système de transport et ses piètres performances ne les y aident pas… Quand on habite certains quartiers de la ville, il est compliqué de se rendre dans les zones industrielles. Les femmes ont l’impression de ne pas pouvoir concilier leurs obligations familiales avec les exigences d’un emploi», précise Crochet.

Pour remédier à cette problématique, les autorités auront à améliorer certains aspects du transport public, notamment le respect des horaires, l’éclairage des trottoirs et des rues, ou encore la multiplication des arrêts de bus et des passages piétons.

Les pouvoirs publics ont d'ores et déjà déployé une stratégie ambitieuse de transport urbain, avec notamment la mise en place du tramway à Rabat, en attendant celui de Casablanca.

Lu sur Aujourd'hui Le Maroc