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Au Congo, les pygmées préfèrent accoucher en pleine forêt

La maternité de Dolisie est située en plein cœur de la troisième ville du Congo, à quelques 400 kilomètres au sud-ouest de Brazzaville, la capitale du pays. Ce centre de santé accueille quotidiennement de nombreuses femmes enceintes, qui agrandissent la faible population de la région (15.000 habitants).

Parmi ces femmes, quelques Pygmées, signe d’une intégration progressive de cette population, longtemps marginalisée, dans la communauté. Pourtant, observe l’agence d’informations Inter Press Service (IPS), les femmes pygmées qui suivent des examens prénataux dans ce pays d’Afrique centrale sont encore rares.

Une étude réalisée entre avril et mai 2011 par une ONG locale, l’Association congolaise pour la santé de la Cuvette Ouest, fait savoir que sur 520 femmes en âge de procréer, seulement huit ont accouché dans un centre de santé:

«C’est à cause des discriminations qu’elles n’y vont pas. Le personnel soignant les traite comme des objets», fustige Jean Nganga, président de l’Association de défense et de promotion des peuples autochtones du Congo.

Marguerite Kassa, une Pygmée d’une trentaine d’années venue pour une consultation gynécologique, explique:

«Les sages-femmes se moquent de nous, nous laissent traîner, même si nous arrivons en avance au centre de santé. Cela nous décourage».

A cause des moqueries et des préjugés qui pèsent sur cette communauté, la plupart de ces femmes préfèrent accoucher de manière traditionnelle:

«Le mauvais accueil des femmes autochtones dans les centres de santé fait qu’elles accouchent encore dans les forêts», affirme Roger Bouka Owoko, le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme, une ONG brazzavilloise.

En plus de la discrimination dont elles souffrent, ces femmes qu’une loi promulguée début 2011 au Congo interdit désormais d’appeler «Pygmées» invoquent aussi le manque d’argent pour payer les frais de consultation ou la layette du bébé. Mais d’autres préfèrent tout simplement continuer à accoucher en forêt par attachement à leur culture, comme l’explique une femme sexagénaire autochtone de la région:

«Nous avons encore confiance en nos traditions. Quand une femme est à terme, elle ne se promène plus seule en forêt. Dès que les douleurs d’accouchement arrivent, elle sait ce qu’il faut faire: s’asseoir au pied de l’arbre.»

Des spécialistes considèrent que l’un des avantages de cette méthode est qu'en forêt, il existe de nombreuses plantes qui aident les femmes pygmées à accoucher aisément. La nature est est parfois bien faite.

Lu sur IPS