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En Sierra Leone, on enseigne l'énergie solaire
«L'idée de l'énergie solaire était si étonnante que je devais en être partie prenante», explique Mary Dawo, une habitante du village de Romakeneh. La voilà partie en Inde avec 11 autres femmes originaires elles aussi de villages sierra-léonais afin d’apprendre à fabriquer des batteries solaires, raconte un article du Mail & Guardian le 18 août.
Ces femmes, pour la plupart illettrées, vivaient «au jour le jour, de l’agriculture de subsistance», souligne le quotidien sud-africain. Elles ont quitté leur campagne, pris l’avion, parcouru 9.654 km pour apprendre à «fabriquer de la lumière avec le soleil», selon leurs propres mots.
Revenues diplômées de l'université de Barefoot de Tilona, située dans l’ouest de l’Inde, elles s’attèlent fer à souder à la main à fixer de petites résistances pour l’assemblage de 1.500 batteries solaires domestiques, au sein de l’équivalent sierra-léonais du centre de formation indien, situé à Konta Line.
L'antenne africaine de l'université Barefoot ouvrira ses portes en septembre 2011. Les 12 stagiaires vont alors se muer en professeur face à la première promotion de 50 élèves en énergie solaire:
«J'enseigne à temps plein, mais je suis joignable —même la nuit— pour fixer un fusible, changer une ampoule ou de recharger un téléphone», explique Nancy Kanu, désormais ingénieur solaire en chef. Elle fait cela, dit-elle, «pour rendre service» à son pays.
L’arrivée de l’énergie solaire dans les villages est un véritable bouleversement pour les habitants:
«Les gens sont plus sociables et plus agréables», raconte Aminata Kargbo. Avant, «les serpents, rongeurs, reptiles et insectes piqueurs se glissaient et rampaient dans nos maisons avec l'obscurité à 19 heures. Les enfants ne pouvaient pas étudier et nous ne pouvions pas nous détendre, nous rencontrer […] après une longue journée [de travail]», raconte Fatmata Koroma, venue du village de Mambioma.
L’électricité est rare en Sierra Leone. Les infrastructures du pays ont été détruites par la guerre civile qui s’est achevée en 2002. Plus de 60% de la population vit à la campagne, le plus souvent sans courant.
Pour le moment, 10 villages sont concernés par le projet d’énergie solaire domestique. L'université a été financée par le gouvernement sierra-léonais à hauteur de 573.700 euros, son équipement comme la formation des femmes en Inde l’ont été par le programme de coopération sud-sud indien.
Restent les batteries. Chacune d’elle coûte à l’unité entre 350 et 560 euros, les rendant inabordables pour la plupart des foyers ruraux. Actuellement, elles sont lourdement taxées, mais comme le souligne Idriss Kamara, de l'association locale Safer Future Youth Development Project, le gouvernement a promis de réduire cet impôt pour faciliter l’accès à l’énergie solaire dans le pays.
Lu sur le Mail & Guardian