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Au Kenya, des réfugiés travaillent pour la Silicon Valley
Dans le plus grand camp de réfugiés du monde, situé au nord du Kenya, à Dadaab, et qui abrite 300.000 déplacés, il y a une petite cabane avec des ordinateurs, tous reliés à Internet. Un lieu qui permet aux réfugiés de travailler pour des entreprises situées de l’autre côté de l’Atlantique, en Californie, dans la Silicon Valley.
Le Kenya est en effet doté de l’Internet très haut débit grâce à la fibre optique. Cette technologie a permis à l’association Samasource (une ONG basée aux Etats-Unis) de créer un pont entre deux entreprises internationales, Facebook et Ask.com, et les réfugiés de Dadaab. Le pari de Samasource: donner le droit de travailler à ces gens qui n'ont plus rien:
«Nous avons négligé le fait que les 4 milliards de personnes qui vivent avec moins de 2.10 euros par jour ont du talent et des compétences. Ils peuvent contribuer à l’économie mondiale», explique Leila Chirayath Janah, à l’initiative de Samasource, à BBC News.
L’association leur apprend à se servir d'un ordinateur pour qu'ils puissent effectuer un travail informatique de base. Paul Parach, originaire du Sud-Soudan, a fui son pays à l’âge de 9 ans, au moment de la guerre civile. Il est passé de camp de réfugiés en camp de réfugiés, où il a été blessé et en partie paralysé. Jusqu’alors, il n’avait jamais touché à un ordinateur:
«Le travail est un peu dur, avoue-t-il, ça prend du temps, mais c’est juste une question d'entraînement»
Grâce à cette formation, il réalise aujourd'hui des tâches de vérification pour une multinationale donc il perçoit un salaire envoyé directement sur son téléphone portable. Rob Sheppard, un cadre supérieur de la société Ask Jeeves (la filiale britannique d’Ask.com) qualifie cette relation avec Samasource de «gagnant-gagnant: le travail est de qualité, à un bon prix et nous percevons des bénéfices immatériels de leur mission et de leur éthique.»
Bien que Samasource ait connu des difficultés liées au recrutement d’un manager et à la contrainte d’employer des déplacés qui n’ont pas de statut légal, elle a formé 90 réfugiés du camp de Dadaab:
«Je crois que nous pouvons porter un sérieux coup à la pauvreté si nous considérons Internet comme une super-autoroute du travail plutôt que comme une super-autoroute de l’information, et comme le magnifique levier que cela peut être».
Lu sur BBC News