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Congo - Les Pygmées se battent pour leurs droits

Depuis des décennies, les Pygmées sont discriminés en République du Congo comme dans d’autres pays d'Afrique centrale et de l'Ouest. A tel point que David Lawson, le représentant des Nations unies pour la population (UNFPA), a tiré la sonnette d’alarme, affirme Radio Netherlands Wordwilde:

«La communauté autochtone congolaise est aujourd’hui en danger d’extinction», a-t-il assuré.

Minoritaire, elle ne pèse que 2% de la population, soit 43.500 personnes parmi les 3,6 millions d'habitants de la République du Congo. C’est pourquoi les Pygmées appellent aujourd’hui à l’application de la loi censée les protéger et dont les décrets tardent à venir. Ce texte préparé depuis 2004 avec les représentants de ces populations a été promulgué par le président congolais Denis Sassou Nguesso en février 2011, rappelle le site de RFI, une première en Afrique.

«C'est dans l'application de la loi que chacun va trouver son compte. En tant qu'autochtones […] nous voulons que les textes liés à son application soient pris immédiatement. Sans ces textes, la loi reste creuse et vague», affirme à l'AFP Ngouélé Ibara, 58 ans, un Pygmée qui dirige l'Association des peuples autochtones du Congo (Apac).

Selon RFI, qui cite l’Unicef, 65% des adolescents pygmées de 12 à 15 ans ne sont pas scolarisés contre 39% pour le reste de la population. Par ailleurs, ils «vivent dans des campements situés à la périphérie des villages, sans accès aux services sociaux de base comme la santé et l’éducation», déplore James Anaya, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des peuples.

Mais le problème le plus grave est la non-reconnaissance de leurs droits territoriaux de chasseurs-cueilleurs, rappelle le site Survival. Ils vivent traditionnellement dans la forêt dont ils tirent leurs moyens de subsistance. Or des projets d’exploitation forestière et agricole les ont contraints à abandonner leur territoire, les réduisant à la pauvreté.

La loi votée par l’Etat congolais vise à lutter contre cet exode forcé et oblige désormais à consulter les populations autochtones avant toute signature de contrat d’exploitation forestière.

Malgré l’existence dans la Constitution congolaise d’un principe d’égalité et de non-discrimination des populations, une loi spécifique a été nécessaire pour défendre leurs droits. La discrimination dont font l’objet les pygmées a conduit la loi de «promotion et de protection» à rebaptiser cette ethnie: peuple «autochtone». Des sanctions sont ainsi prévues à l’encontre de toute personne la désignant sous le vocable «Pygmées».

Lu sur RNW Africa, RFI