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Gabon - Des orpailleurs expulsés et torturés

3.000 orpailleurs travaillant dans une mine d’or à Minkébé, au nord du Gabon, ont été expulsés par l’armée gabonaise le 31 mai 2011. Sans autre alternative que la fuite, hommes, femmes et enfants ont parcouru en 8 jours les 200 km qui séparent le Gabon du Cameroun. Au total, 3 hommes et un bébé ont trouvé la mort, rapporte RFI.

Le gouvernement gabonais a en effet décidé de moderniser la mine, pour l’heure artisanale et de vendre les droits d’exploitation. Tout a commencé, selon le quotidien Mutations, lors de la visite de l'endroit par une délégation d’émissaires gabonais et d’investisseurs étrangers venus expliquer le bien fondé du choix gouvernemental. A son arrivée, la principale exploitante du site a mobilisé ses 8.000 ouvriers pour s’opposer à la décision des autorités gabonaises.

Face à cette résistance, l’Etat gabonais a opté pour la manière forte. Le 31 mai, la population de la mine de Minkebé est sommée de libérer les lieux sous 72 heures. Finalement, l’armée intervient avant même l’expiration de ce délai, et se livre à des actes de violence sur la population ouvrière: torture, pillages et viols. Un jeune homme de 30 ans est décédé après que les «bérets rouges», force d’élite de l’armée gabonaise, lui eurent dessiné une carte du Cameroun sur le dos au couteau, rapporte Quotidienmutations.

Les autres victimes sont mortes d'épuisement en essayant d'atteindre le Cameroun, ou de noyade en traversant le fleuve Ayira qui marque la frontière entre les deux Etats. D’ailleurs, les militaires camerounais ont été contraints de parcourir 30 kilomètres pour porter secours aux victimes, aucune voie de communication n’existant entre les deux pays.

Les autorités camerounaises ont mis en place un dispositif d’évacuation piloté par un comité de crise. Ce dernier a été chargé du recensement, de l’hébergement, des visites médicales, de l’alimentation et de l’acheminement des victimes vers leurs villages ou leurs représentations diplomatiques. Sur les 3.000 expulsés, 2.000 sont camerounais et 1.000 sont des ressortissants du Sénégal, Burkina Faso, Niger ou encore Mali, indique Cameroon Tribune. Le 12 juin, seuls 61 réfugiés étaient encore hébergés à Djoum (à 70 kilomètres de la frontière). Tout est aujourd'hui mis en place pour faire face à d’autres expulsions, car il existe d’autres mines d’or dans le nord du Gabon à Teka Teka, Masoko et Makokou.

Lu sur RFI, Mutations, Cameroon Tribune