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Rwanda - Une thérapie qui réconcilie victimes et auteurs du génocide
Dix-sept ans après la guerre fratricide qui a tué 800.000 Tutsi et Hutus modérés, la société rwandaise redécouvre une tradition africaine séculaire pour résoudre les problèmes: se réunir et parler. En 2005, l'évêque anglican de Buymba Emmanuel Ngendahayo a lancé un programme de «sociothérapie» à destination des Rwandais. Depuis, indique Radio Netherlands Worldwide Africa, 8.000 d’entre eux ont participé à des séances. «Elle s'insère parfaitement dans notre tradition», estime l’évêque.
«La sociothérapie ne nous aide pas seulement à lutter contre nos traumatismes, elle contribue aussi à réconcilier les victimes et les auteurs de crimes, explique Immaculate, violée pendant le génocide. Ce groupe de sociothérapie a été pour moi une véritable révélation. Je pensais que mon cas était unique, mais la plupart des autres femmes ont connu la même expérience. Ça m'a aidée à accepter le passé et à continuer à vivre.»
En groupe de 10 à 15 personnes —anciennes victimes et auteurs de crimes confondus—, les séances durent 15 semaines et se déroulent sous la houlette de deux animateurs. Les «patients» évoquent leurs troubles actuels et leurs souvenirs du conflit.
«Les séances de sociothérapie devraient être accessibles à travers tout le pays. Nous voyons les résultats positifs. Nous savons que cette thérapie aide les gens psychiquement et qu'elle contribue également à la réconciliation tant nécessaire dans notre pays», souligne l'évêque Ngendahayo.
Malheureusement, le financement du programme n’est pas aisé, et le gouvernement manque d’argent. Seule l’ONG néerlandaise Cordaid le soutient aujourd’hui, mais son aide s’interrompt à la fin de l’année.
Il faudrait intégrer la sociothérapie «dans la politique nationale pour la santé mentale […] pour atteindre les gens dans tous les recoins du pays», explique Henny Slegh, psychothérapeute néerlandaise qui forme les animateurs du groupe. D’autant que le programme ne coûte «pas beaucoup d’argent ; les animateurs sont des bénévoles […] uniquement défrayés pour leurs déplacements», poursuit-elle.
Lu sur RNW Africa