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Dur dur d'être journaliste en Angola
En Angola, un reportage banal peut vous coûter 23 heures de détention au commissariat. Le site du Comité de protection des journalistes (CPJ) raconte:
«Quatre officiers de police de Luanda [la capitale angolaise, ndlr] ont arrêté Adão Tiago, reporter à la radio Ecclesia, à propos d’un reportage datant du 29 juillet sur l’évanouissement de 20 étudiants d’une école locale où il enseigne l’anglais. Tiago a été interpelé sans mandat face à ses élèves, et conduit au commissariat sans explications […] Le journaliste a été interrogé sur les raisons pour lesquelles il a fait un reportage sur l’incident».
Le classement 2010 de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse révèle la piètre performance de l'Angola, 104e sur 178 pays. Mohalled Keita, coordinateur de la défense en Afrique pour le CPJ, avance:
«L’arrestation du journaliste Adão Tiago révèle l’obsession du gouvernement angolais de contrôler l’information et d’en dicter le contenu au lieu de se concentrer sur une crise nationale sérieuse.»
Ce qui est reproché au journaliste, c'est donc de s'être interrogé sur un phénomène étrange qui secoue l’Angola depuis le mois d’avril: plus de 800 personnes ont souffert d’évanouissements dans tout le pays, sans qu'on puisse en déterminer la cause. Cela concerne principalement les jeunes, qui se seraient plaints de maux de gorge, difficultés respiratoires et quintes de toux avant de perdre connaissance.
Jusqu’à présent, la stratégie du gouvernement angolais a été de noyer le poisson, de minimiser l’événement sans y apporter la moindre explication:
«Une commission mise en place par le gouvernement angolais pour enquêter sur les évanouissements massifs dans les écoles a écarté la responsabilité de gaz toxiques et a revanche blâmé “l’hystérie de masse“ autour du phénomène», rapporte le site d’information kényan Daily Nation.
Pourtant, l’hypothèse de la propagation d’un poison a été évoquée dès les premières vagues d’évanouissements, et a éveillé depuis la suspicion autour de «criminels qui introduiraient du gaz toxique dans les établissements».
Le site du CPJ affirme que la radio Ecclesia, où exerce Tiago, enquêterait sur la censure et la pression médiatique opérés par le gouvernement, ce qui expliquerait son arrestation arbitraire.
Lu sur CPJ, Daily Nation