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Les transgenres ne veulent plus se cacher
Le combat des transgenres (ou transsexuels) est rarement relayé par la presse africaine. Pourtant, un article d'Afrik.com montre que les militants sont actifs sur le continent et tentent, en se regroupant en associations, de faire valoir leurs droits. Le premier d’entre eux est d’obtenir la possibilité légale de changer de sexe «dans de bonnes conditions sanitaires», sans risquer l’automutilation et les conséquences parfois létales que celle-ci peut entraîner.
Le site donne la parole à Victor Mukasa, militant ougandais et co-fondateur de l’association Minorités sexuelles en Ouganda (Smug), aujourd’hui chargé de recherches et de la politique pour l'Afrique de l'Est, du Centre et la Corne de l'Afrique pour le compte de la Commission internationale des droits humains des gays et des lesbiennes:
«Comment vivre avec le sentiment que la nature s’est trompée de corps?», interroge le militant.
C’est d’abord une question personnelle d’identité, comme le raconte Virginie Tamen sur son blog:
«Dès l'enfance je me suis sentie très vite attirée par la vie féminine. C'est ainsi qu'à 12 ans déjà, je portais très discrètement les soutiens[-gorges] de mes sœurs pour dormir. Une nuit, mon père, en faisant la ronde, s'en est aperçu. Le lendemain demain devant toute la grande famille, il m'a reprise violemment, m'a blâmée correctement et m'a rappelé que j'étais un garçon et que je n'avais plus désormais rien à voir avec la vie des filles».
Victor Mukasa, auparavant Juliet Mukasa, a pour sa part tenté à plusieurs reprises de s’automutiler mais a fini par économiser et réussi à se payer une réduction mammaire à 2.455 euros. Mais cette solution très coûteuse n’est pas à la portée de tout le monde.
De plus, rares sont les pays africains qui autorisent ces opérations et disposent des équipes formées pour. Outre les chirurgiens, chaque intervention suppose l’accompagnement d’un psychologue:
«Beaucoup de psychiatres africains ne prennent pas ce besoin au sérieux ou ignorent totalement ce qu’est l’identité de genre et les problèmes qui s’y rattachent. Bien des personnes ont été qualifiées de "folles" par des psychiatres», poursuit Victor.
Seule l’Afrique du Sud autorise ces interventions chirurgicales de changement de sexe. Le pays interdit en outre toute forme de discrimination liée à l’orientation sexuelle de la part de l’Etat comme de personnes privées. C’est sur son sol que s’est créée la première association de défense de la communauté transgenre, baptisée Gender Dynamix.
Heureusement, les choses évoluent et Gender Dynamix a été rejointe par d’autres associations, notamment Transgender Education and Advocacy au Kenya; Tamon en Namibie; et Rainbow au Botswana.
Ces organisations, depuis une conférence organisée par la Commission internationale des droits humains des gays et lesbiennes en 2008, s’emploient à organiser un mouvement transgenre à l’échelle de l’Afrique australe et orientale, déjà amorcé en 2007 par le mouvement africain LGBTI.
Suivant l’exemple «des trans nord-africains […] très bien interconnectés», l’Afrique subsaharienne cherche à permettre aux transgenres de vivre en paix, c’est-à-dire pouvoir devenir eux-mêmes en subissant une transformation physique et en ayant la sexualité qu'ils désirent, hétéro ou homo. Car nombreux sont les pays africains qui interdisent encore l'homosexualité (38 en 2007).
Lu sur Afrik.com