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Pas touche aux W.-C. de Mugabe

Un policier zimbabwéen vient de passer les trois dernières semaines en prison, rapporte le quotidien britannique le Mail Online. Le crime qu’il a commis est peu banal: on l’accuse d’avoir utilisé les toilettes du président Robert Mugabe.

Le 7 mai 2011, alors que la foire commerciale et internationale annuelle de Bulawayo battait son plein, le sergent Alois Mabhunu a été surpris dans les toilettes réservées au chef d’Etat lors de sa visite. Mu par un besoin pressant, l’officier s’est précipité vers les premiers lieux d’aisance qu’il a pu trouver. Les gardes chargés de la surveillance des toilettes ont tenté de l’en empêcher mais Mabhunu ne pouvait se retenir: forçant son chemin, il parvint à se soulager dans les latrines présidentielles.

Les gardes ont reporté le crime de lèse-majesté à la police secrète, qui a procédé le jour suivant à l’arrestation du policier et l’a inculpé d’«atteinte à l’intimité du président».

Beatrice Mtetwa, avocate spécialiste des droits de l’homme en charge de la défense de Mabhunu, conteste la légalité des poursuites engagées par son client:

«Il doit y avoir une loi stipulant que ces toilettes sont celles du président. Celles-ci sont des toilettes publiques. Ils auraient dû publier un communiqué dans le journal gouvernemental pour le spécifier. Je suis sûre que ce n’est pas le cas.»

Au pouvoir depuis 31 ans, le dictateur, qui vient de fêter ses 87 printemps, ne badine pas avec les petits coins —ni avec quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. Des motards se font régulièrement agresser par le personnel de sécurité de Mugabe car ils ne dégagent pas la route pour le convoi présidentiel, rappelle le Guardian.

En mars dernier, Douglas Mwonzora, membre du Movement for Democratic Change, a été accusé d’avoir insulté le président et risque une peine d’un an d’emprisonnement pour avoir déclaré en regardant un portrait de Mugabe suspendu dans un palais de justice:

«Ça va, mon père? Comment va la santé?»

En 2011, la 123e place sur 178 du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, le Zimbabwe est loin d’être le paradis de la liberté d’expression. Robert Mugabe est, d’une année sur l’autre, qualifié de «prédateur de la liberté de la presse» par l’organisation.

Lu sur le Mail Online, Guardian