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Le blogueur du gouvernement tunisien jette l'éponge
Pourquoi Slim Amamou, l’un des blogueurs tunisiens et cyber-activistes arrêtés du temps de Zine el-Abidine Ben Ali, a-t-il démissionné de son poste de secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports du gouvernement de transition?
Dans une interview sur la radio tunisienne Express FM, le jeune homme de 33 ans devenu une icône de la révolution revient sur les raisons de son départ soudain:
«C’était une expérience importante mais fatigante, surtout les critiques constantes.»
Dans son combat contre la censure, le jeune militant avait activement dénoncé l'emprise de l’ancien régime sur les médias, Internet et les réseaux sociaux, ce qui lui valut d'être emprisonné entre le 6 et le 13 janvier 2011 par les forces de l’ordre tunisiennes.
Slim Amamou avait déposé sa démission du gouvernement provisoire depuis déjà deux semaines. Et d'indiquer que ce genre de postes à responsabilités politiques n’étaient pas «fait pour lui» et qu’il était parvenu à la fin de sa mission.
Les récentes fermetures de sites Internet ont pu contribué à accélérer cette décision. L’armée, via l’Agence tunisienne d’Internet (Ati), avait effectivement demandé la fermeture de sites et de pages Facebook qui diffusaient des propos à charge contre le corps militaire.
De plus, le fait que le gouvernement provisoire tunisien serait, selon certaines rumeurs, encore influencé par d'anciens membres du parti de Ben Ali —aujourd'hui démantelé— présents à tous les étages de l’administration, a sans doute peser dans la décision de Slim Amamou. Celui-ci déclarait pourtant il y a quelques mois au site Ajidoo news:
«Je le confirme, la cyber-censure n’existe plus en Tunisie. Oui, il y a une cyber-police qui agit sur ordre de la justice. D’autre part, cette cyber-police fait de la veille sur la Toile, essentiellement dans le but d’identifier les sites à résonance terroriste. Mais j’envisage de me renseigner un peu plus quant à leurs activités.»
Pendant ces quelques mois au poste de secrétaire d'Etat, le blogueur alimentait son compte Twitter avec des informations prises de l'intérieur du gouvernement.
Son ascension fulgurante qui apparaissait plus comme un appel du gouvernement provisoire à la communauté des internautes tunisiens que comme une véritable ouverture politique, vient de s’arrêter brutalement.
Lu sur Express FM, Kapitalis, Tunisie numérique