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Tamarod, la rébellion qui veut chasser les Frères musulmans du pouvoir
La campagne cherche à faire démissionner le président islamiste Morsi à l'occasion des manifestations prévues le 30 juin prochain.
Elle se vante d'avoir recueilli 15 millions de signatures pour demander le démission du président Mohamed Morsi. Autrement dit plus que le total des voix qui a permis la victoire du candidat des Frères musulmans.
La campagne «Tamarod» ( rébellion) appelle les Egyptiens à «retirer leur confiance» au président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, et à le forcer ainsi à démissionner, comme si le peuple était le parlement et pouvait voter contre le chef de l’Etat. La campagne reproche aux Frères musulmans d’avoir «augmenté le nombre des martyrs du peuple égyptien»: en effet depuis l’élection de Morsi des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans des manifestations ou affrontements de nature politique ou sociale.
Indépendance
Elle les accuse aussi essayer d’intimider les figures de l’opposition avec des procès ou des campagnes dans les médias (contre par exemple Baradei ou Bassem Youssef). D’autres accusations sont plus tendancieuses, comme celle qui reproche au gouvernement de chercher à vendre l’Egypte à ses protecteurs (ici c’est le Qatar et son aide généreuse qui sont visés – sans davantage de preuves, il faut bien le dire).
La campagne «Tamarod» (Rébellion) a reçu le soutien du Front de Salut national, qui est une coalition de partis et figures de l’opposition, du parti du Dostour, par exemple (parti de l’ancien directeur de l’Agence internationale pour l’énergie atomique et opposant à Moubarak, Mohamed El Baradei), du groupe d’activistes du 6 avril (fondé en 2008), mais aussi des salafistes.
La Gamaa islamiya, elle, a lancé une contre-initative, incitant à l’«impartialité» et à la stabilité. «Tamarod» reçoit ces soutiens politiques plusieurs semaines après le début de ses activités, et se déclare indépendante de toute tendance politique.
Al'occasion de l'anniversaire de l'investiture de Mohamed Morsi, «Rébellion» a l’intention d’organiser une marche sur le palais présidentiel et de soumettre la pétition au procureur-général, afin d’exiger la démission du président. Des élections présidentielles anticipées —un an seulement après l’élection de Mohamed Morsi— pourraient alors avoir lieu.
Ecueils
Juridiquement, l’initiative n’est pourtant pas très viable. Les porte-paroles du parti des Frères musulmans, Liberté et Justice, nient toute importance à cette pétition et rappellent que seule vaut la légitimité des élections.
Le 16 mai dernier, une plainte a été déposée contre les organisateurs de la campagne: ils chercheraient à faire plonger le pays dans le chaos, détruire l’unité nationale. Un peu d’exagération. L’autre chef d’accusation, par contre, ne semble pas illégitime: chercher à renverser le gouvernement. Des campagnes de désobéissance civile ont été lancées régulièrement dans plusieurs villes d’Egypte notamment celles du Canal de Suez. Ici c’est à l’échelle nationale que le mouvement essaie de prendre forme.
Sophie Anmuth
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