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L'Algérie tente de relancer le pouvoir d'achat
Pour la troisième année consécutive, les autorités financières algériennes vont recourir à une Loi des finances complémentaires (LFC), pour relancer le pouvoir d’achat et le secteur des petites et moyennes entreprises (PME). Ce projet de loi sera soumis aux parlementaires durant la session de printemps de l’Assemblée nationale populaire.
Depuis le début de l’année 2011, dans un climat populaire tendu, l’Algérie a été confrontée à plusieurs grèves de la fonction publique mais aussi du privé, et qui ont ralenti l’économie du pays.
Devant les mesures annoncées par le président Abdelaziz Bouteflika, et dernièrement par le Conseil des ministres pour relancer l’emploi et l’investissement, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a annoncé la nécessité d’avoir recours à une LFC:
«Le recours à une loi des finances complémentaires vient apporter des correctifs à des décisions exceptionnelles qui seront prises durant un exercice donné», a-t-il indiqué.
La loi prévoit une exonération des droits de douanes et de la TVA sur les produits de première nécessité comme le sucre et l’huile. Des mesures pour faciliter l’accès au logement pour les fonctionnaires, comme la création d’un compte spécial du Trésor, parachèveront ce qui apparaît nettement comme le premier rempart concret aux émeutes. Par ailleurs, Karim Djoudi a souligné le fait qu'en plus des dépenses d’équipement, le budget de fonctionnement de l’Etat sera appelé à augmenter.
Dans l’ombre du projet de loi, le risque d’une poussée inflationniste et d’une aggravation du déficit public (46,6 milliards d’euros, contre 35,5 milliards d’euros initialement) devient réel. Des risques que Karim Djoudi n’a d’ailleurs pas écartés. En marge d’une séance de questions au Conseil de la nation, le ministre des Finances a précisé que ce recours «ne signifie pas un manque de visibilité en matière de prévision des finances publiques du pays».
«Notre objectif est de maintenir le rythme de croissance de la fiscalité ordinaire pour arriver à couvrir toutes nos dépenses de fonctionnements», a-t-il précisé.
Si l’augmentation des salaires se traduit par une surconsommation des ménages algériens, il est effectivement probable que cette pression de la demande se traduise par une hausse des prix à la consommation. Aussi, Djoudi a-t-il préconisé un retour à l’épargne obligatoirement conforté par les banques algériennes:
«Les banques ont tout intérêt à profiter de cette masse d’argent mais doivent être plus actives en termes de mobilisation de l’épargne.»
En Algérie, d’innombrables familles n’ont pas les moyens d’accéder à un logement. Alors que deux tiers de la population a moins de 30 ans et que le chômage stagne depuis près de dix ans à 20%, la menace d'un nouveau soulèvement populaire plane au-dessus du président et de son gouvernement. Bien que provisoires, sans vision stratégique à long terme, ces nouvelles mesures devront satisfaire dans l'urgence les réclamations quotidiennes des algériens. Reste à savoir pour combien de temps.
Lu sur Algérie Presse Service, La Nouvelles République, Romandie News