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Le Gabon emménage chez les Kennedy

Au Gabon, la polémique ne cesse d'enfler depuis l’annonce, le 23 juillet 2011, de l’acquisition par le ministère des Affaires étrangères de la résidence, aux Etats-Unis, du sénateur américain Ted Kennedy, décédé en 2009.

Cet achat, d’une valeur de 6,5 millions de dollars (4,5 millions d’euros) devrait servir comme résidence officielle de l’ambassadeur du Gabon à Washington, fait savoir Ici Cemac, le magazine de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale, qui rapporte une information donnée à l’AFP par le notaire chargé de la transaction.

Le montant de l'achat fait grincer des dents un peu partout dans le pays, où les commentaires vont bon train sur ce que d’aucuns considèrent comme une vraie folie des grandeurs du président Ali Bongo. Le magazine Ogooué Infos s’interroge, par exemple, sur l’opportunité de cette acquisition alors que le Gabon fait face à une grave crise du logement depuis quelques temps et que la majorité des Gabonais connaissent des fins de mois de difficiles.

La résidence comprend six chambres, sept salles de bains, cinq cheminées, une piscine intérieure et une salle de gym équipée d'un matériel choisi par Arnold Schwarzenegger, neveu par alliance du sénateur décédé en août 2009, lui-même petit-frère de feu le 35e président des Etats-Unis, John F. Kennedy, assassiné en 1963.

Le site Internet gabonais Mukoti a publié le 27 juillet une série de neuf photos, où l’on peut voir quelques pièces de cette luxueuse propriété située dans le quartier chic de Kalorama, à Washington. La maison avait été acquise par Ted Kennedy et son épouse en 1998.

Pour faire taire la controverse, l’Etat gabonais a indiqué dans un communiqué rapporté par Gaboneco que l'achat répondait à la nécessité de remplacer l’ambassade du Gabon, qui avait été endommagée par un incendie en 2003:

«Il s’inscrit aussi en droite ligne des nouvelles orientations de la diplomatie gabonaise qui doit désormais être davantage au service des intérêts économiques du Gabon, notamment en développant des relations plus étroites avec les investisseurs privés, afin de soutenir la stratégie de développement du "Gabon Emergent"», ajoute le gouvernement.

En 2010 déjà, une affaire de même nature avait provoqué un tollé. Le Gabon avait acquis pour la rondelette somme de 65 milliards de francs CFA (environ 100 millions d’euros) tout un immeuble parisien en vue d‘abriter les locaux de son ambassade en France. Les partis d’opposition avaient estimé que cet argent aurait mieux servi à la construction de routes et autres infrastructures d’urbanisme qui manquent cruellement au Gabon.

Lu sur Ici Cemac, Gaboneco, Mukoti, Ogooue Infos