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L'Indiana Jones égyptien destitué
Stetson vissé sur le crâne, en chemise bleue et pantalon clair, il ne lui manquait que le blouson de cuir et le charme d’Harrison Ford pour ressembler à celui dont il avait hérité du surnom.
La légende (qu’il construisit lui-même) veut que le papa d'Indiana Jones, George Lucas soit venu lui rendre visite en Egypte. Lui, Zahi Hawass, archéologue égyptien qui a régné pendant des décennies sur les antiquités de son pays.
Mais son épopée à la tête de l’archéologie égyptienne vient de s’achever. Nommé récemment ministre, il a été démis de ses fonctions le 18 juillet à la faveur d’un récent remaniement, comme une douzaine d’autres ministres proches de l’ancien président Hosni Moubarak, révèle The Huffington Post.
Loin de le considérer comme un héros, les tenants de la révolution égyptienne n’hésitent pas à l’associer à l’ancien régime:
«Il était le Moubarak des antiquités, affirme Nora Shalaby, archéologue et activiste. Il a agi comme si les antiquités d’Egypte étaient sa propriété et non pas celle du peuple», poursuit-elle.
Pourtant, Zahi Hawass s’est battu pour rendre sa dignité à son pays. Une fois nommé responsable du Conseil suprême des antiquités national en 2002, il fixe de nouvelles règles pour que «l’Egypte ne soit plus jamais ce bac à sable géant où chacun a pu fouiller à sa guise», rapporte le site Internet de la chaîne France 2.
Un portrait réalisé par Sciences et Avenir révèle que jeune homme, Hawass a été profondément révolté par un reportage sur la vallée des rois (située près de Louxor, et qui abrite les tombeaux de nombreux pharaons) où un archéologue américain se taillait la part du lion alors que «son homologue égyptien tenait la porte», selon ses propres dires.
Depuis, il n’a eu de cesse d’œuvrer pour rendre à son pays les richesses archéologiques spoliées lors de la colonisation britannique.
Il aurait ainsi réussi à récupérer plus de 5.000 objets. Il cherchait encore récemment à ce que soient rendus à l’Egypte le buste de Néfertiti vieux de 3.300 ans et exposé depuis des décennies au Neues Museum de Berlin, ou encore la pierre de Rosette, grâce à laquelle Champollion a découvert le secret des hiéroglyphes, détenue par le British Museum de Londres.
Son acharnement à protéger et conserver l’héritage égyptien a pu froisser certains. On lui reprochait également de ne pas avoir produit suffisamment d’études sérieuses. Surtout, c'est son goût immodéré pour la médiatisation —il réalisa entre autre de nombreuses émissions pour la télévision américaine, notamment National Geographic, Discovery Channel) lui valut de nombreuses critiques.
«Indiana Jones, un archéologue-aventurier du cinéma hollywoodien, donne une image bien fausse de notre discipline».
Lu sur The Huffington Post, France2.fr, Sciences et Avenir