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Angola - Des Chinois et du pétrole
Premier producteur de pétrole en Afrique, l’Angola s’est fait une place de choix dans l'industrie de l’or noir, allant jusqu’à détrôner le Nigeria, leader du secteur et déchu fin 2009. Un tel leadership n’aurait sans doute pas été possible sans la participation d’acteurs étrangers dans la course, particulièrement la Chine.
Le magazine Guernica publie un long reportage retraçant le parcours de l'Angola à la conquête de l'or noir, notamment à travers les yeux de Jim, un entrepreneur pétrolier d’origine américaine. Il travaille en Afrique depuis des années et a assisté à l'arrivée progressive des Chinois sur le continent:
«Le pétrole africain est en train de changer. Pendant longtemps, plusieurs décennies en fait, le Nigeria était le roi incontesté du continent. Il avait le meilleur pétrole et plus que n’importe qui d’autre […] Mais depuis 2007, les temps ont changé […] L’Angola est en train de devenir le nouveau roi. (Ce pays) a tout pour séduire les expatriés. Il y a juste une chose: les Chinois sont en train de s'accaparer cet endroit, où il y a plus de pétrole que n’importe où en Afrique.»
L’Angola est ainsi devenu un des pays africains qui reçoit le plus de capitaux chinois, et surtout le plus de travailleurs. Jim poursuit:
«Moins d’un an après le cessez-le-feu, l’Angola a signé un accord avec le dernier colonisateur arrivé en Afrique, la Chine, pour reconstruire ce que l’Angola avait détruit. En 2007, seul le Soudan, avec le régime autocratique d’Omar el-Béchir, recevait plus d’argent et d’assistance technique venant de Beijing. En 2010, les marges de crédit chinoises en Angola avaient encore doublé, atteignant 25 milliards de dollars (16,82 milliards d'euros), soit un quart des 100 milliards de dollars investis par les Chinois dans plus de 20 pays à travers l’Afrique.»
Au-delà du pétrole, les Chinois sont présents dans de nombreux autres secteurs tels que le bâtiment et l’exploitation minière. En 2010, le gouvernement angolais estimait à 70.000 le nombre de Chinois basés dans le pays. A ce propos, Guernica cite un officiel chinois vivant en Angola:
«Les Chinois sont prêts à mourir ici, en Afrique. Ils sont contents de mourir, ils n’ont pas peur des mines parce qu’ils savent que leurs familles seront dédommagées […] Ils viennent tous de zones rurales, pauvres pour la plupart, et l’argent est important pour eux, ils savent comment en mettre de côté, et ils connaissent également le pouvoir, car dans les zones rurales, seuls ceux qui ont le pouvoir ont l’argent, et ceux qui ont l’argent savent comment accéder au pouvoir.»
Lu sur Guernica